Vente de terrain de l’Etat – La transparence est de mise
L’inventaire des terrains de l’Etat, tel est l’une des principales raisons évoquées par le ministère d’Etat chargé des Projets présidentiels et de l’Aménagement du territoire l’année dernière. Un an après, la population attend le résultat de cet inventaire et aussi la transparence sur la vente des terrains de l’Etat et les terrains à vendre. En effet dernièrement, la population d’Antananarivo, mais aussi dans les provinces se heurtent à des problèmes fonciers. Des opérateurs arrivent et portent des titres d’un ou plusieurs terrains lesquels ont déjà été occupés depuis des années. Les détenteurs de titre sont toujours vainqueurs devant le tribunal. Si l’Etat annonce publiquement que tel ou tel terrain est à vendre, peut être que la population aura trouvé de quoi le payer. Mais comme l’affaire est juteuse, les responsables étatiques gardent souvent au secret ces informations. Le Sif et le collectif tany ont plusieurs fois fait l’interpellation pour le droit de la population comme le cas des 48 familles à Antsiranana
Suite à un jugement du tribunal en leur défaveur, 48 familles dont la majorité a vécu depuis plus de 10 ans sur des terrains vendus par la S.E.I.Mad à une société privée risquent d’être expulsées. Cette dernière appartient à l’un des opérateurs économiques les plus riches de Madagascar. Des familles ont résisté mais n’ont pas tenu longtemps, à l’image du pot de terre contre le pot de fer.
La situation à Antsiranana se distingue par le fait qu’il s’agit de 04 ha 66 a 50 ca que la S.E.I.Mad a vendu à la même société dans le passé. Le titre foncier du domaine porte le n°14500 BK.
Une étude minutieuse réalisée par la Solidarité des Intervenants sur le Foncier (Sif), montre que la plupart des familles concernées a vécu sur le terrain en question depuis plus de 10 voire 15 ans, et ont construit des habitations souvent en tôle. Malgré leur revenu modeste provenant de leur travail d’enseignant, maçon, chauffeur, technicien agricole, menuisier, petits commerçants,.., les familles ont investi au fil des années une somme importante dans l’amélioration de leur habitation et de la qualité de vie de leurs enfants, quelques-uns disposent du courant électrique.
Ces familles vont-elles se retrouver à la rue pour devenir des sans-abri et perdre les fruits de leurs efforts de tant d’années ?
Etant donné les problèmes que rencontrent les familles malgaches au revenu modeste à acheter des terrains et à obtenir un titre foncier, cette situation à Diégo-Suarez constitue une nouvelle illustration des difficultés de l’accès au Foncier et des injustices sociales qui ont régné dans ce secteur sous les régimes successifs mais qui s’accentuent actuellement au niveau national.
Selon un article de presse récent, on cite le ministre d’Etat chargé des Projets Présidentiels, des Infrastructures, de l’Equipement et de l’Aménagement du Territoire lui-même qui aurait confirmé à la radio que la société avait acheté beaucoup de terres à Madagascar. Ces derniers mois, dans la capitale et ses environs, la société aurait commencé à procéder à une série d’expulsions des familles qui ont vécu sur les terres dont le titre foncier est détenu par la dite société. Désormais, les conflits se déroulent dans d’autres villes.
Il est temps que les autorités agissent face à cette situation qui se multiplie sur tout le territoire national. Il leur appartient de trouver une solution adéquate et acceptable pour que les familles malgaches ne se retrouvent pas à la rue et complètement démunies.
Le fait de posséder un titre foncier ne devrait pas donner le droit d’ignorer le devenir de ceux qui n’en ont pas. Dans le cas présent, les conditions et modalités de la cession de ce terrain à cette société par la S.E.I.Mad, société d’économie mixte devenue société anonyme à participation publique, n’est pas connue. Le sort de la majorité de la population malgache ne ferait-il pas du tout partie des soucis des responsables de l’Etat et seuls les intérêts privés et étrangers comptent ?
« Nous demandons aux autorités nationales et aux responsables de la région Diana de trouver une solution plus humaine et plus juste et de prendre les mesures nécessaires pour que les familles qui vivent sur ces terrains ne soient pas expulsées. Dans la situation actuelle, il est important d’éviter d’aggraver la misère de la population : l’expulsion du lieu de vie de ces familles au revenu relativement stable les appauvrirait davantage et augmenterait le nombre des sans-abri et des démunis, alors que le titulaire du titre foncier a les moyens de trouver des alternatives à la réalisation de ses projets. Nous invitons les dirigeants malgaches à entreprendre enfin des actions visant le respect des droits fondamentaux des citoyens malgaches modestes, pauvres et extrêmement pauvres de toutes les régions de Madagascar à posséder un terrain pour vivre, un logement décent et un toit pour abriter leurs familles, en arrêtant de toujours aider les riches à s’enrichir davantage » conclut le Sif ou Solidarité des Intervenants sur le Foncier
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