983 millions de problèmes !
Le président de la République l’a brandi haut lors de la cérémonie de présentation de vœux du nouvel an qui s’est tenue vendredi dernier au Palais présidentiel d’Iavoloha : Madagascar vient de bénéficier d’une aide de 983 millions de dollars Us ! Il s’agit, pour ce dernier mais aussi pour tous les dirigeants du régime de Hery Rajaonarimampianina d’une victoire éclatante puisque selon le premier, le pays a la reconnaissance internationale. Et selon un quotidien de la place, cette somme représente la moitié du budget général de l’Etat Malagasy pour l’année en cours même si l’enveloppe de 518 millions d’euros, soit un peu moins de 600 millions de dollars Us, qui vient de l’Union européenne, ne sera entièrement disponible que sur une période de 5 ans. Ce qui veut dire aussi que les recettes générales de l’Etat seraient de cet ordre.
Madagascar figure depuis l’année dernière parmi les 5 pays les plus pauvres de la planète, une performance unique et jamais inégalée que sous la direction du parti politique Hvm au pouvoir. Les Psd, l’Arema, l’Undd, le Tim et le Tgv ont donc fait largement mieux et même si ce n’était pas l’opulence, le peuple malgache n’avait pas aussi faim et aussi honte de ses dirigeants. Les statistiques sont claires : 92% de la population vivent en-dessous du seuil de pauvreté avec moins de 2 dollars Us par jour, soit 5 000 ariary. Si ailleurs, on prône le « manger mieux en faisant les bons choix alimentaires » tout en faisant la promotion des « aliments bio », ici, on se bat pour ne pas crever de faim tout simplement. Avec 5 000 ariary pour une famille d’au minimum 5 personnes, sans compter les grands-parents, on ne peut s’offrir qu’un repas par jour puisqu’il faut y relever aussi le loyer, la Jirama, les charbons de bois pour faire cuire le repas, les frais de déplacement, et le tout sans oublier le … « goûter » des bambins ! Pour une population totale de 23 millions d’habitants, s’endetter de 983 millions de dollars Us équivaut à porter sur chaque tête d’habitant le lourd fardeau de rembourser de 43 dollars Us par an. Mais cela veut dire aussi que pour les 92% de la population extrêmement pauvre, c’est se priver de cet unique repas du jour durant … 22 jours ! M… alors! Puisqu’on sait que la plus grande partie de ces aides n’iront jamais dans la marmite de la population et pire, elle ne verra même pas la couleur de ces billets. D’ailleurs à l’annonce du chiffre, beaucoup ont estimé que le chef de l’Etat, ainsi que sa suite, vont mettre les bouchées doubles en matière de voyages à l’extérieur pour atteindre un nouveau record. Et c’est bien le cas de le dire quand Hery Rajaonarimampianina a déclaré, toujours lors de cette cérémonie, que l’autre enveloppe octroyée à l’entretien routier est de 47 milliards d’ariary. Soit 47 km de routes complètement rénovées puisque beaucoup se rappellent du discours de l’actuel ministre des Travaux publics, il n’y a pas si longtemps déjà, que la réhabilitation d’un kilomètre vaut 1 milliard d’ariary. C’est donc moins d’un tiers des rues de la Capitale de Madagascar qui se trouvent toutes dans un état lamentable. Pire, le budget en question est destiné pour les routes nationales sont l’objectif sera de … zéro ornière ! Apparemment, le président de la République a complètement oublié que les grandes zones de production agricoles ne se trouvent pas à quelques mètres de ces routes nationales, qu’il faut emprunter des centaines de kilomètres pour pouvoir accéder dans ces communes et que seuls, les bacs à ordures se trouvent sur les trottoirs. L’impact sur le prix des produits de première nécessité sera ainsi durement ressenti par les ménages. En tout cas, beaucoup sont sceptiques sur les résultats obtenus concernant les volets économique et social lors de l’utilisation de ces aides. De même pour la protection de nos richesses et de nos patrimoines puisqu’on sait que durant ces deux années du régime de Hery Rajaonarimampianina, les trafics en tout genre n’ont jamais cessé, ni même maîtrisé. Pour le cas du bois de rose par exemple, nos frontières restent passoires alors que les camions ayant transporté les cargaisons ont traversé des fokontany, des communes, des districts, des régions et même des provinces avant de pouvoir entrer dans des sites censés être bien protégés comme un port, par exemple. C’est le cas de la dernière tentative à Toliara où le ministère de l’Environnement, de l’écologie, de la mer et des forêts n’a rien vu venir. Mais c’est aussi le cas du trafic d’or qui, bizarrement, n’a plus fait la « Une » des médias ces derniers temps. Et ce n’est pas du tout parce que l’exportation illégale n’existe plus mais c’est tout simplement parce que le réseau est tout à fait maîtrisé.
Bref, les 983 millions de dollars Us octroyés par les bailleurs de fonds n’emmèneront pas le développement pour Madagascar mais plutôt des tonnes de problèmes pour le peuple malagasy.
J.L.R