Hypocrisie diplomatique
Le président de la République actuel a été maintes fois critiqué depuis ses tout débuts à la tête du pays compte tenu de sa lenteur dans les prises de décision. Beaucoup avaient même déjà estimé qu’il ne tiendrait même pas une année mais le fait est qu’il est encore et toujours là bien parti pour aller au terme de la troisième année de son mandat présidentiel, et peut être même plus loin. En effet, le parti qu’il a fondé a enregistré une victoire écrasante lors des dernières élections sénatoriales et pourra contrôler facilement le Parlement. Concrètement, les dépenses seront dorénavant plus importantes pour la simple raison qu’il faudra retenir tous ces élus au sein du parti d’Etat pour que ces derniers évitent tout simplement d’aller voir ailleurs. C’est de cette manière qu’est dirigé le pays depuis près de 24 mois, rien d’étonnant donc si Madagascar est le pays le plus corrompu d’Afrique et même du monde. Ce qui amène également à souligner que la bonne gouvernance n’existe pas à Madagascar. Rien n’est transparent, tout se fait sous la table et la population n’est au courant de rien parce qu’elle n’est importante que quand son vote est primordial pour les dirigeants et autres politiciens avides de pouvoir et de richesses. La population est clairement laissée-pour-compte et pour couronner le tout, elle n’a même pas le droit de s’exprimer librement. Les hauts dirigeants ne cessent de défendre les valeurs de la démocratie et de motiver la liberté d’expression mais la réalité est toute autre.
En effet, à chaque fois que de simples citoyens se sont donné rendez-vous à un endroit pour revendiquer leur droit ou pour manifester leur mécontentement et leur opposition au régime actuel, les dirigeants n’ont cessé de faire appel aux services des forces de l’ordre pour corriger sérieusement quelques manifestants. Passage à tabac, création de dossiers compromettant et emprisonnement, les hommes du pouvoir ne font jamais les choses à moitié et pourtant, ils ne pondent aucun résultat concret. C’est le cas dans les luttes contre le trafic de bois précieux et contre la corruption. Sur ces deux volets, la situation n’a fait qu’empirer en l’espace de deux ans : le trafic de bois de rose a enregistré une hausse importante et Madagascar est devenu le pays africain le plus corrompu. Entre temps, le pays est plongé dans une instabilité palpable, une pauvreté injuste et inacceptable mais les dirigeants continuent de miroiter le contraire. C’est la raison principale pour laquelle les partenaires techniques et financiers, les bailleurs de fonds, la communauté internationale ont tardé à dévisser le robinet de la pompe à dollars d’où tombent des gouttes. Ces aides sont pourtant incompréhensibles, voire même contradictoires si l’on se réfère au discours de certains représentants de la communauté internationale. En considérant les diverses reproches et critiques à l’encontre du régime actuel vis-à-vis de la réalité dépeinte ci-dessus, on n’est pas en mesure de saisir la vraie signification des aides octroyées par les riches.
Pour la majorité, les énormes sommes d’argent prêtées à l’Etat ne servent qu’à rendre le pays plus dépendant qu’il ne l’est déjà dans l’optique de protéger des intérêts particuliers et de fructifier quelques importants investissements. Tous les représentants et émissaires étrangers qui critiquent le régime actuel sur la démocratie, le trafic de bois de rose, la corruption, la bonne gouvernance, les abus de pouvoir mais dont les pays ou institutions continuent d’aider ce dit régime ne sont tout simplement pas honnêtes. Au contraire, cela peut être plutôt assimilé à de l’hypocrisie de la part du corps diplomatique et autres importants représentants des riches. Ces derniers aiment à se placer comme donneurs de leçons et gendarmes du monde mais aident et laissent pourtant faire des régimes comme le nôtre actuellement. C’est une des nouvelles formes de la colonisation dans laquelle les riches soutiennent des dirigeants et des politiciens des pays pauvres tout en les critiquant ouvertement pour embrouiller la vision de la population et pour décider de l’avenir du pays.
Laza Marovola