Tintin Ravonison (Analyste politique) – « La solution c’est de reconnaître la valeur du Velirano sy dina ary voady»
Par rapport à l’évolution de la situation politique dans le pays, plusieurs acteurs se sont déjà prononcés. D’autres ont essayé de redorer le blason du régime, tandis que certains ont osé dénoncer ses incompétences. Ces derniers temps, la majorité des acteurs de la vie de la Nation ont été conviés à appuyer l’Etat dans ses démarches. En tant que personnalité ayant déjà déposé sa marque dans le monde de la politique, Tintin Ravonison a gentiment accepté de nous accueillir dans sa demeure à Alarobia, afin de nous faire part de son point de vue sur la situation.
Madagascar Matin (M.M) : En ce moment, plusieurs personnalités se sont ruées à Ambohitsorohitra pour se faire nommer sénateur par le président de la République. Etes-vous parmi les candidats ? Et pourquoi cette décision ?
Tintin Ravonison (T.R) : Non. Le fait de déposer un Cv est une forme de pression à l’égard de celui qui doit désigner celui ou celle qu’il pense être à la hauteur de ce qu’il attend de la personne. Certes, il y a des postes qui devraient être nominatifs. On ne peut pas élire un ministre ou tout ce qui est fonction administrative.
M.M : Quel serait la structure idéale pour un gouvernement pour que le pays puisse se redresser le plus rapidement possible ?
T.R : En tout cas, soit on fait vraiment un gouvernement de consensus mais régi sous un vrai pacte, mais pas ce genre de gouvernement où il y a un peu de tout le monde et où tout le monde se met des bâtons dans les roues. On n’avance pas, parce qu’il y a un ministre issu d’un parti qui n’a rien à voir avec le Hvm, et puis entre eux, il n’y aura pas de cohabitation. Et ce serait le peuple qui en paye le prix.
Dans le pays, soit, il ne devrait y avoir qu’un seul parti, soit le choix se ferait à la discrétion du président. Le choix ne devrait pas se faire selon le nombre de partis existants dans le pays. L’idéale serait d’avoir seulement deux partis, notamment droite et gauche.
On crée un parti politique pour avoir un poste ministériel. Cela devient une sorte de recherche pour se nourrir mais pas pour servir.
M.M : Vous avez des idées et des initiatives. Avez-vous songé à faire partie du nouveau gouvernement au cas où ce remaniement se tienne vraiment ?
T.R : Je dirai que je suis ouvert à tous, et je ne fais pas de fausse modestie. Pour moi, si on n’est pas capable, on devrait démissionner. Peut être que ce n’est pas le poste dont vous avez demandé, mais quand on est là, on assume ! Si on me sollicite d’être un ministre, je ne demanderais pas à être un ministre du Sport ou du genre. Il faut que ce soit dans mes compétences ou bien autant que je reste sur la touche. Si je rentre dans le système, ce n’est pas pour la gloire mais pour le développement du pays.
M.M : Madagascar enregistre actuellement plus d’une centaine de partis politiques, surement parce qu’il faudrait disposer d’un poste pour pouvoir faire quelque chose. Comment trouvez-vous ce système ?
T.R : Quand on est dans le système démocratique, il faut assumer le fait de respecter celui qui est élu. Le laisser désigner ceux avec qui il voudrait travailler. On ne devrait pas lui faire pression comme par exemple une personnalité qui lui fait chanter en lui balançant « j’ai obtenu tel ou tel pourcentage, tu devrait me prendre sinon je vais t’allumer ». Et pourtant c’est ce qui se passe dans le pays actuellement. Par exemple, l’article 54, pourquoi le président ne prend-t-il pas simplement la décision d’amender la Constitution et de rentrer dans une nouvelle République ? Un décret tout simplement et hop, un article dans la Constitution saute !
Prenons un autre exemple simple. On ne peut pas imaginer un président de la République choisir un premier ministre qui ne pourra pas travailler avec lui !
Je réitère tout simplement qu’on a du passer d’abord par une rencontre nationale avant de procéder à une élection. Ce n’est pas un règlement de compte mais la vérité. On devrait reconnaitre les mots « Velirano sy dina ary voady » qui n’a pas de traduction mais va au-delà du mot pacte. Nous devrions revenir là-dessus.
M.M : Quel système devrions-nous donc adopter ?
T.R : Il est temps maintenant de partir de la base. Nous n’avons pas besoin de l’aide internationale pour faire les élections auprès des Fokontany. Nous pouvons tout simplement les tenir avec des graines de haricots ou de maïs. A partir du moment où il y a un président de Fokontany élu par les habitants du quartier, il n’y a aucun risque de fraude. Effectivement, les dirigeants font appel à ces personnalités en cas de besoin. Rappelons l’année dernière où l’Etat a recouru aux chefs Fokontany pour rechercher les kidnappeurs à Toamasina. Et pourtant, ces personnes prennent de tels risques pour un salaire qui n’en vaut pas la peine. Ils n’ont même pas les moyens nécessaires pour la communication.