Depuis l’avènement de ce régime, on a toujours entendu parler d’abandon scolaire et de famine et non seulement pour les régions du sud de Madagascar où ces deux situations sont extrêmement liées. Aux dernières nouvelles, il n’y a presque plus de classe notamment dans l’Androy, une partie de l’Anôsy, de l’Ihorombe et de l’Atsimo Andrefana. Tous les enfants sont ainsi obligés d’aller à la cueillette de « voan-draketa », une sorte de figues de barbarie pour la simple raison qu’il n’y a plus rien à manger. Bizarrement, cette population du sud de la Grande île, mais aussi les dirigeants qui se sont succédé dans le pays, ne se sont pas rendus compte que justement, cette plante au nom scientifique charmant d’Opuntia stricta est en partie la source de leur malheur, si on en croit les études réalisées à ce sujet. En effet, le « raketa » ou cactus dont les fruits ont donc remplacé le riz et le manioc dans cette région en ce moment, est une plante hautement invasive introduite au XXème siècle, qui a profondément modifié leur environnement : les dunes s’étendent et le «raketa» envahit les terres arables et assèche les puits.

Ainsi, les écoles primaires publiques et les collèges d’enseignement général sont vides depuis le début de ce deuxième trimestre qui, en principe, ne va durer que huit semaines. Effectivement, on assiste pour cette saison à une deuxième étape très courte puisque Pâques sera célébrée quelques jours avant la fin du mois de mars prochain. Et quand on sait que le deuxième trimestre d’une année scolaire reste le plus important, et en plus on y jette les essentiels de connaissance et de savoir qu’un élève doit acquérir. D’ailleurs, on dit souvent que le troisième trimestre sert à terminer le programme et surtout à la révision en vue des examens de fin d’année.  Depuis un peu plus de 4 semaines donc, les activités ont tourné au minimum au ralenti ou carrément stoppées, fautes de … clients. Et pourtant, beaucoup se rappellent du lancement de la grande campagne  de réinsertion scolaire menée par le ministère de l’Education nationale qui a sûrement coûté les yeux de la tête. D’un autre côté, l’amélioration de la qualité de l’enseignement à Madagascar a été maintes fois déclarée comme une des priorités du régime de Hery Rajaonarimampianina. Il y a deux ans, le même crédo était déjà entendu mais à la fin de l’année scolaire 2014-2015, la baisse a été constatée partout : Cepe, Bepc, et même pour le bac qui a connu un effondrement spectaculaire. A la moitié du chemin donc pour la saison actuelle, plus de trois régions ont annoncé leur forfait à la course à ces diplômes et par conséquent, beaucoup aimeraient savoir le taux de réussite par rapport au nombre d’élèves, de collégiens et de lycéens dans toute l’île, inscrits au début de l’année. Bien sûr, le résultat obtenu sera tout simplement effarant mais il le sera encore plus si on va avoir l’autre rapport entre le dernier critère évoqué supra et le nombre de ceux qui ont terminé réellement l’année. Bref, des chiffres qui ne vont pas du tout honorer le régime en place.

Ainsi, point n’est besoin d’être devin pour conclure que ce sera la plus mauvaise année de tous les temps pour l’éducation en général et qu’il est grandement temps de remplacer ceux qui ne sont pas à la hauteur de la tâche. Et ce ne sont pas les 105 millions d’ariary accompagnés de 17 tonnes de riz qui ont été collectés dans la Capitale dans le cadre de l’opération visant à soutenir les enfants des régions du sud de Madagascar qui vont faire revenir les élèves à l’école et encore moins, redorer le blason du ministre en question.

Plus que jamais donc, l’abandon scolaire et la famine n’ont jamais été aussi forts dans cette partie de l’île, mais ils le sont aussi presque dans tout Madagascar. A un peu moins de cinquante kilomètres de la Capitale, les écoles sont aussi abandonnées par les enfants mais aussi par les maîtres Fram pour l’autre raison d’insécurité. Effectivement, si les élèves sont obligés de descendre dans les champs la … nuit afin d’éviter d’être la cible facile des dahalo, les instituteurs ont, de leur côté, perdu solde, cahiers, livres, cartables et carte d’identité nationale puisqu’ils ont été attaqués par les coupeurs de route après avoir perçu leur paie !

Bref, c’est l’échec total et sur toute la ligne !

Jean Luc RAHAGA