Inutilité publique
En date du 3 février dernier, lors du conseil des ministres au Palais d’Iavoloha, deux décrets ont été adoptés au titre du ministère d’Etat en charge des projets présidentiels, de l’aménagement du territoire et de l’équipement. Décret déclarant d’utilité́ publique des travaux de construction d’une gare routière à Ambohipeno, Ambohimangakely aux abords de la route «By-pass», Commune rurale Ambohimangakely, District d’Antananarivo Avaradrano, Région Analamanga et portant acquisition par voie amiable ou par expropriation pour cause d’utilité́ publique des parcelles de terrain et/ou immeubles touchés par ces travaux. Décret déclarant d’utilité́ publique des travaux de construction et de réhabilitation de la voie rapide se trouvant au Nord d’Antananarivo reliant l’ Aéroport International d’Ivato avec le Village artisanal de la route digue et la liaison du Boulevard de l’Europe et le Village de la Francophonie dans la Région Analamanga. Ces décrets annoncent clairement le début d’énormes chantiers qui sont censés être nécessaires pour le domaine public, soit pour l’Etat mais surtout pour le peuple et puis le pays. A l’heure actuelle où vont les choses et comment le palais présidentiel a été décoré lors de la cérémonie de présentation de vœux, il n’y a plus aucun doute sur le fait que ces décrets déclarant d’utilité publique ont été adoptés dans le cadre de l’organisation du sommet de la francophonie du mois de novembre prochain. En d’autres termes, malgré les critiques émanant des citoyens, des sociétés civiles, des observateurs de la vie publique et des médias. En effet, la majorité des Malagasy ne voit pas réellement l’utilité de recevoir des chefs d’Etat francophones dans un centre de conférence internationale dans la mesure où cela n’a aucun impact direct sur leur quotidien. Mais quelques mois après sont investiture, l’actuel président de la République a toujours rêvé de ce sommet même les rares fois où il est dans le lit avec son épouse. 80 millions d’euros, c’est la somme nécessaire pour l’organisation d’un tel sommet et jusqu’à preuve du contraire, seuls les opérateurs touristiques et les hôteliers pourront en tirer quelques bénéfices. Quant à la population, elle ne pourra ramasser les miettes si toutefois, il y en a. Mais en attendant, certains se verront confisquer leur terrain ou immeuble à l’amiable ou par voie d’expropriation pour quelque chose qui n’en vaut même pas la peine à leurs yeux. Même si des indemnités sont prévues par la loi pour les futurs ex propriétaires, elles ne seront sûrement pas à la hauteur des biens perdus et ne pourront certainement pas rembourser leur valeur sentimentale. Mais le pouvoir central n’en a que faire des états d’âme et surtout des attentes de la population pour la simple raison que les tenants actuels du pouvoir n’accordent aucune importance au principe de redevabilité, au volet social et à la lutte contre la pauvreté. Au contraire, la situation à Madagascar n’a fait qu’empirer pendant que le chef de l’Etat et sa bande de copains ont toujours essayé de faire croire au contraire et surtout à une stabilité obtenue grâce à la mise en place de toutes les institutions prévues par la Constitution. Mais le fait est qu’aujourd’hui, à cause des obsessions des dirigeants, la gestion de deux aéroports internationaux a été attribuée à l’Aéroport de Paris en charge du projet d’extension des aéroports pour la réception du sommet de novembre. Aujourd’hui, on ose parler de déclaration d’utilité publique pour la construction d’une gare routière et d’une voie d’accès spécial au futur village de la Francophonie. Toutefois, il faut reconnaître que la population n’en tirera pas profit et dix mois avant le fameux sommet de la discorde, la majorité des citoyens n’y voit aucun intérêt pour la simple raison que le pays continue de s’appauvrir pendant que les dirigeants s’enrichissent à vue d’œil grâce aux nombreuses richesses du pays. Ainsi, le sommet de la francophonie doit vraisemblablement être déclaré d’inutilité publique.
Laza Marovola