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Mercredi 27 Novembre 2024

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Coface – Madagascar perd encore des places

Chaque année, le groupe d’assurance française Coface évalue les risques pour 160 pays. L’assurance établie son rapport à partir de données macroéconomiques, financières et politiques. Actualisées régulièrement, les analyses donnent une estimation du risque de crédit moyen des entreprises d’un pays. C’est un outil précieux qui indique l’influence potentielle d’un pays sur l’engagement financier d’une entreprise.  Bien entendu, il peut exister de « bonnes entreprises »… dans des pays à risque ; et des entreprises à risques… dans des pays fiables. Le risque global résulte donc à la fois des spécificités de l’entreprise et de celles du pays dans lequel elle opère. Nos analyses de marché se situent sur une échelle de 7 niveaux : A1, A2, A3, A4, B, C, D, dans l’ordre croissant du risque. Evaluer l’environnement des affaires consiste à mesurer la qualité de la gouvernance privée d’un pays. C’est-à-dire la transparence financière des entreprises et l’efficacité des tribunaux en matière de règlement de dettes. Coface vient de publier son évaluation risque pays pour cette année. Madagascar a encore perdu de place.

Chez Coface, cette analyse de marché est élaborée sur la base : de travaux internes associant l’ensemble de nos entités dans le monde ; des évaluations du climat des affaires élaborées par les organisations internationales. Pour apprécier ces environnements, la plupart des évaluations sont axées sur la liquidité et la solvabilité globale des pays. Coface va plus loin en appuyant son appréciation des risques sur son expérience microéconomique.

Sur l’échelle à sept marches de la Coface (de A1 à D, d’un risque d’impayés “très faible” à “très risqué”), l’Afrique du Sud et l’Algérie – précédemment plutôt bons élèves (A4, “risque convenable”) – sont reléguées d’un cran (B, “risque assez élevé”), tout comme le Gabon, Madagascar et la Tanzanie (qui passent de B à C, “risque élevé”).

Ses réserves minérales (pierres précieuses, nickel, cobalt) et pétrolières, le potentiel agricole et touristique ainsi que la dette publique et extérieure modérées sont les points forts de Madagascar d’après le rapport.

La dépendance à l’égard des produits agricoles et miniers ; les réseaux routier, hydraulique et électrique insuffisants ; la dépendance à l’aide étrangère ; l’instabilité politique persistante ; la pauvreté touchant les 3/4 de la population constituent les points faibles du pays.

Incertitude

La croissance pourrait accélérer modérément en 2016. Le secteur textile continuera à bénéficier de l’effet positif de la réintégration du pays, depuis 2014, dans l’Agoa  (Africa Growth and Opportunity Act), favorisant l’accès des produits malgaches au marché américain. Les services (55 % du Pib) pourraient permettre de soutenir l’économie, notamment les transports et le tourisme, affectés en 2015 par les conséquences des grèves à Air Madagascar. Le développement du champ pétrolier de Tsimiroro, pour lequel l’Etat a accordé en avril 2015 une autorisation d’exploitation, ainsi que la réalisation de projets d’infrastructure suspendus depuis plusieurs années, devraient également soutenir l’investissement en 2016. Toutefois, la reprise de l’activité, notamment dans le secteur du tourisme ainsi que des investissements dépendra de la stabilisation de la situation politique et des flux d’aide. Le niveau peu élevé des cours du nickel et du cobalt, principales sources de recettes d’exportation du pays, limitera la contribution des exportations à la croissance.

L’inflation, alimentée en 2015 par les effets de la dépréciation de l’ariary, devrait demeurer élevée. Le phénomène climatique El Niño pourrait affecter les récoltes et exercer une pression à la hausse sur les prix des biens alimentaires en 2016. La baisse annoncée des subventions sur les prix de l’énergie (électricité, essence), si elle est effectivement mise en place, accentuera la hausse des prix.

Les déficits jumeaux ne se résorberont pas en 2016

La progression attendue des recettes fiscales sera insuffisante pour couvrir la hausse des dépenses budgétaires, empêchant toute amélioration des finances publiques. Malgré les mesures destinées à augmenter les recettes, grâce notamment à une amélioration du recouvrement des revenus fiscaux et douaniers, les revenus de l’Etat resteront contraints par le manque de dynamisme de l’économie. La baisse annoncée des subventions devrait par ailleurs être plus que compensée par une hausse des dépenses d’investissement, en raison des engagements pris par le nouveau gouvernement en matière de projets d’infrastructures. Ces dépenses devraient être financées, au moins partiellement, par l’aide internationale. Mais la reprise effective des versements, interrompus par les pays donateurs et bailleurs de fonds internationaux depuis le coup d’Etat de 2009, reste liée à la stabilisation de la situation politique. Enfin, le remboursement progressif des arriérés domestiques de l’Etat et les pertes financières accumulées par la compagnie nationale d’eau et d’électricité (Jirama) pourraient peser davantage sur le budget en 2016.

Le déficit courant devrait légèrement diminuer en 2016 en raison du repli des importations qui devrait plus que compenser la stabilisation, voire la baisse des exportations. Les ventes de textile à l’étranger devraient progresser mais les revenus provenant des principaux produits d’exportations (nickel, cobalt en particulier) seront contraints par l’absence de rebond des prix de ces matières premières.

Les importations de biens de consommation seront freinées par une croissance peu dynamique. Les achats de biens d’équipement, ralentis avec l’achèvement des projets de développement miniers, resteront soutenus, mais dans une moindre mesure, par le développement du champ pétrolier de Tsimiroro.

Gouvernance qui tend à se dégrader

L’organisation de l’élection présidentielle fin 2013, après plusieurs années de transition suite au coup d’Etat de 2009, a permis à Madagascar de réintégrer des organisations régionales (Sadc, Ua) et de reprendre ses relations avec les institutions internationales et les bailleurs de fonds. Le nouveau président H. Rajaonarimampianina, a dû cependant faire face à la démission de son gouvernement quelques mois après sa formation puis à un vote du parlement demandant sa destitution. Resté au pouvoir, le président manque de soutien pour la mise en œuvre des réformes alors que le mécontentement de la population se traduit par la multiplication des mouvements de contestation et des grèves.

Enfin les performances en matière de gouvernance demeurent faibles et le classement du pays tend à se dégrader selon les indicateurs de la Banque Mondiale, en particulier en matière de lutte contre la corruption (de la 138ème place sur 2015 pays en 2012 à la 163ème en 2014) et d’efficacité du gouvernement (de la 179ème à la 190ème).

 

Recueillis par FR.

 

 

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