Investissement agricole à grande échelle – 90% des projets sont mort-nés
Incontournable, l’agriculture est un secteur clé à Madagascar qui emploie plus de 70% de la population. Les agricultures familiales marquent essentiellement le paysage agricole, néanmoins les agrobusiness ne sont pas négligeables et influencent les dynamiques existantes. Les interactions entre agricultures familiales et agrobusiness sont diverses, tantôt complémentaires, tantôt en concurrence. Dans tous les cas, la thématique intéresse. Aussi, une étude qui analyse les relations entre les agricultures familiales et les agrobusiness a été menée conjointement par l’Observatoire du Foncier, la Fao et le Cirad afin de qualifier et de quantifier l’effet de l’implantation de l’agrobusiness en milieu rural. L’étude s’est attelée à « Comparer la plantation à grande échelle et l’agriculture contractuelle ». L’objectif est d’alimenter les réflexions et le débat pour choisir, combiner et accompagner ces modèles de production.
De par ses potentialités en terres agricoles souvent évoquées, Madagascar a attiré l’attention de plusieurs investisseurs. Entre 2005 et 2015, 82 entreprises ont annoncé le projet de développer une ferme à grande échelle allant de 5 000 à 100 000 hectares.
La promotion des investissements agricoles est au cœur des politiques foncières et agricoles malagasy. Les débats sur les modèles d’investissements, entre agriculture à grande échelle et agriculture contractuelle sont par contre peu présents. En 2015, 90% des projets d’investissement agricoles, précédemment recensés, ont été abandonnés. Différentes raisons peuvent expliquer cet abandon : crise financière, manque d’expertise agricole et de capital, difficulté d’accès au foncier, oppositions sociales. Les entreprises restantes, prévoyant de développer des plantations à grande échelle (de 2 000 à 10 000 ha) basées sur la mécanisation et le salariat, cultivent actuellement des superficies limitées (maximum 3 000 ha), diversifient leurs cultures et ont encore beaucoup recours à la main-d’œuvre salariée pour réaliser des tâches difficilement mécanisables et pour maintenir la paix sociale. D’autres entreprises privées agricoles malagasy et étrangères sont présentes et actives depuis une dizaine d’années à Madagascar. Elles basent plutôt leur approvisionnement sur des contrats conclus avec des paysans producteurs que sur de la production en régie.
Recueillis par FR