Le Saint-Esprit !
La troisième personne de la Trinité, l’Amour du Père et du Fils, est vivement appelée pour éclairer la longue marche du peuple malagasy qui a, apparemment, perdu le nord. A un peu moins de quarante jours de la résurrection du Christ et à un peu plus de quatre vingt-dix jours de la pentecôte – et oui, beaucoup rêvent déjà à ces deux dates pour la simple raison que les lundis suivant ces deux fêtes chrétiennes, sont chômés et payés -, on commence à se tourner sérieusement vers le Créateur. D’ailleurs, la Saint-Valentin de cette année n’emmènera pas uniquement une rose rouge mais aussi et surtout tout un lot de problèmes pour les 95% des ménages. Effectivement, rendre un peu plus savoureux le menu quotidien de « vary sosoa be rano » est un exploit difficilement réalisable pour le jour des amoureux ! Sur le plan général, rester et patauger dans la crasse, l’insalubrité, les matières fécales qui obstruent les canaux d’évacuation d’eaux usées et d’eaux de pluie, l’insécurité permanente tant urbaine que rurale, la sous-alimentation, les soubresauts politiques et autres politiques générales de l’Etat qui ne font que faire descendre davantage dans la fosse sans fin de la pauvreté, durant des cinq décennies entières, ont de quoi perdre le nord. Les jeunes d’aujourd’hui le disent si bien : « efa mitapy ! » A l’image du football malgache qui se trouve dans le dernier carré des derniers au monde si dans les années 70, l’équipe nationale figurait parmi les 10 meilleures de l’Afrique qu’il aurait suffi d’un « special one » pour participer à la phase finale d’une coupe du monde ! Enfin, on peut toujours rêver puisque le pays où il y a le plus de fumeurs de ganja au mètre carré sur la terre, a déjà participé une fois à ce type de rencontre au sommet et pourquoi pas donc le pays où il y a le plus de bois de rose au kilomètre carré sur la terre ! Il faudra alors pour le peuple malgache faire une longue marche vers le nord et dans la clarté du jour pour échapper à l’encerclement de la pauvreté et ses conséquences immédiates, à terme et à long terme, de la mondialisation qui fait perdre les valeurs culturelles, et aux systèmes économiques qui rendent le pays à une dépendance permanente des aides et des accords de partenariat concédés ! Les définitions des principes imposés par les bailleurs de fonds, jusqu’il y a quelques années, sont inconnues de la population, telles la corruption, la bonne gouvernance, la régionalisation, ou encore le développement durable, et devraient être révisées selon le pays, notamment pour Madagascar, une Gande île à part à 400 km des côtes africaines où il y a tout ce qu’on veut. La défense de l’environnement doit, par exemple, passer d’abord par la valorisation du capital humain. Il est effectivement impensable qu’on défend la population d’utiliser les sachets en plastique alors qu’elle n’a rien d’autre pour tranporter les produits de première nécessité. Pire maintenant, on doit emmener sa cuillère pour acheter un peu d’huile alors qu’auparavant, il suffisait d’un petit sachet offert par l’épicier du coin. Du coup, tous les enfants sont devenus des … funambules !
Mais surtout, il faut éviter de parler et d’inculquer ces principes venant d’ailleurs qui ne correspondent pas du tout à la conception de la société malagasy. D’autant que cette longue marche qui a duré plus de cinq décennies actuellement, le peuple l’a fait dans le noir le gosier sec. D’abord parce que c’est un tunnel à ne plus en finir et puis, la Jirama est en panne de générateurs, de douilles et d’ampoules, sans oublier le réseau de distribution de l’électricité et d’eau défaillant complètement.
Pour ce peuple, il faut une pasionaria, un leader, un combattant, un timonier, ou un raïs éclairé par le Saint-Esprit et non un big boss, un expert – rouge ou encore comptable -, encore moins un patron ! En plus clair, le pays a besoin d’un leader qui a le sens de la patrie et non d’un parrain qui a le business dans le sang et le sang dans les business.
Jean Luc RAHAGA