Raul Castro est devenu une célébrité mondiale ! C’est une nouvelle très inattendue et si au début de l’année liturgique catholique 2015 – 2016, on avait prédit  ça, personne n’ira miser un kopeck. En même temps, Cuba  ne sera plus uniquement connu par ses cigares Havane – et par la tristement célèbre prison américaine de Guantanamo dont Barack Obama a promis de fermer avant la fin de son mandat – mais aussi comme une terre d’exploits. Et bien sûr au pluriel, primo, parce que son frère Fidel a tenu tête à la première puissance mondiale durant plus de six décennies, secundo parce que les yeux du peuple cubain sont, durant tout ce temps, inébranlablement rivés vers l’est, et tertio, entre autres, la foi catholique est profondément ancrée au sein de la population depuis plusieurs siècles. Malgré un gouvernement communiste depuis 1959 et des mesures antireligieuses jusqu’en 1979, l’Eglise Catholique a pu augmenter le nombre de ses fidèles. Rappelons que Fidel Castro a été reçu au Vatican par le Pape Jean-Paul II en 1996 tandis que ce successeur de Saint-Pierre y  a effectué une visite pastorale deux ans plus tard, en 1998. Certes, presque tous les chefs d’Etat malgache, à l’exception du Professeur Zafy Albert, ont tous été reçus par l’Evêque de Rome mais seule l’unique visite papale enregistrée dans les annales de l’histoire des républiques de Madagascar s’est déroulée lorsque l’Amiral Didier Ratsiraka était encore au pouvoir. C’était en 1989.

Sur le volet diplomatique donc, Raul a fait mieux que son frère Fidel, et a pu réunir sur son sol l’actuel pape des catholiques romains, le Pape François Ier, et le patriarche orthodoxe russe Kirill. C’est une réussite dont l’impact est impossible à chiffrer pour l’heure d’autant qu’il s’agit bel et bien de la  première rencontre entre les chefs des cultes catholique et orthodoxe russe depuis le schisme entre les Eglises d’Orient et d’Occident, en 1054. Par la suite, le Pape François et le patriarche Kirill doivent « signer une longue déclaration commune qui devrait évoquer les persécutions contre les chrétiens – orthodoxes comme catholiques – au Moyen-Orient et la défense des valeurs chrétiennes dans le monde ». Selon un site d’information, cette rencontre, qui n’a donc lieu ni en Europe, ni en Orient, où vivent la grande majorité des orthodoxes, a été tenue secrète jusqu’au dernier moment, tant les résistances étaient grandes au sein du Patriarcat. Mais ça, c’est la version officielle et moins … méchante puisque c’est du côté de l’Eglise Catholique que la pression aurait été intenable, notamment venant des américains qui ne voit pas d’un bon œil ce rapprochement entre la mère église et celle des russes ainsi que des slaves. Justement, on sait qu’après la mort de Jean-Paul II, un pape d’origine polonaise mais qui, selon les mauvaises langues, est plus proche des américains, ces derniers ont manœuvré pour qu’un Pape issu d’un pays de l’Europe occidentale soit élu. Et la surprise était de taille lorsqu’après la démission du Pape Benoît XVI, c’est un Pape issu de l’Amérique Latine qui est devenu l’Evêque de Rome. L’histoire mondiale nous rappelle que les latinos n’ont jamais porté dans leur cœur ces voisins de l’hémisphère du nord – trop arrogants et se comportant partout comme les gendarmes du monde-, d’où les innombrables soubresauts politiques et très meurtriers qui touchent le sous-continent Amérique du Sud. Le penchant particulier du nouveau Pape catholique pour les pauvres et les opprimés irrite profondément les puissances économiques de ce monde – elles sont bien sûr occidentales – dont beaucoup ont des envies de meurtre quand le successeur de Saint-Pierre évoque les différentes guerres un peu partout sur la planète. Il faut savoir que l’industrie des armes est aux mains de ces puissances et les leçons de morale du Pape catholique pour ceux qui ne font qu’entretenir les guerres avec un objectif de néo-colonisation  sont infiniment insupportables pour elles.

Selon d’autres sources, cette rencontre a nécessité deux ans de travail intense où il fallait rendre sourds les innombrables services de renseignement de plusieurs pays. Voilà une diplomatie … secrète qui a fait ses preuves et dont les actions menées auront évidemment de conséquences colossales sur l’avenir de certaines activités des pays riches. En tout cas, de nombreuses conclusions peuvent être tirées de ce rapprochement entre l’Eglise catholique romaine et l’Eglise catholique orthodoxe d’autant que ce n’est pas un secret pour personne que le patriarche Kirill est un proche du Tsar de la Russie. Attalah Béatrice devrait donc tendre un peu les oreilles sur ce qui se passe actuellement à Cuba et en même temps, creuser sur ces événements qui ont fait changer le monde. Du coup,  on comprend maintenant pourquoi les russes et Vladimir Vladimirovitch Poutine soutiennent le peuple malgache, et non ses dirigeants toujours sous influence occidentale, dans sa  revendication sur le retour des îles éparses.  Et vu sous un autre angle, cette rencontre de La Havane est largement mieux que tout sommet confondu et mieux, ça coûte rien puisque les Cubains n’avaient pas besoin d’étendre les routes, de donner la gestion des aéroports internationaux à une firme étrangère, de procéder à l’expropriation de plusieurs terrains ainsi que d’y octroyer un budget énorme. En tout cas, cette réunion n’entre pas uniquement dans le cadre religieux habituel, et ça, tout le monde l’a compris. Mieux, ce sont plutôt les églises catholiques qui ont toujours fait et refait le monde.

Jean Luc RAHAGA