En l’espace de deux ans, les tenants actuels du pouvoir se sont fait reconnaître pour leur manque de transparence, la mauvaise gouvernance ou encore le non respect du principe de redevabilité. Après deux ans sous le règne bleu martial, le pays est devenu le troisième pays le plus pauvre du monde, le pays le plus corrompu d’Afrique pendant que les hommes au pouvoir et leurs proches deviennent riches grâce aux abus de pouvoir et à leur complicité dans des affaires de kidnappings, de trafics de bois de rose ou de vols d’ossements humains. Mais jusqu’à aujourd’hui, personne n’a encore réellement réussi à prouver que des dirigeants étaient impliqués dans ces genres d’affaires d’autant plus que pour compliquer la chose, ces derniers sont passés maître dans l’art d’embrouiller la majorité de la population. Pour ce faire, le président de la République, le Premier ministre, les ministres, des leaders de partis ou encore des députés se relayent pour faire une action ou palabrer sur le même sujet à inventer des histoires sans queue ni tête. Concernant le trafic de bois de rose par exemple, la majorité ne demande qu’à voir des gros bonnets ou poissons de ce trafic punis comme il se doit pour la simple raison que la dilapidation des richesses est un crime contre la Nation. Pourtant, certains ne cessent d’évoquer la politique de Tolérance Zéro, pendant que d’autres défendent la création d’un tribunal spécial, organisent un reboisement spécial bois de rose et pensent à lancer des appels d’offres pour les quelque 30 000 rondins saisis. Autrement dit, les dirigeants parlent pour ne rien dire et agissent pour ne rien faire. C’est un parfait exemple d’effet brouillard pour faire croire qu’on fait quelque chose en vue de faire oublier la liste d’Omer Beriziky. Il n’y a rien donc d’étonnant à ce que l’ambassadeur des Etats-Unis souligne que  les interpellations des gros bonnets ont été « quasi-inexistantes ». Bientôt, on saura que le nombre de rondins saisis aura diminué mais pour camoufler l’affaire, certaines personnes haut placées y ayant des intérêts n’hésiteront pas à inventer des excuses légales pour noyer le poisson. Maintenant, il y a lieu de préciser que l’effet brouillard n’est pas seulement utilisé par les dirigeants pour permettre et même favoriser le trafic de bois de rose mais aussi pour laisser la population dans le doute. C’est le cas de la question relatif au remaniement du gouvernement qui a été posée depuis maintenant presque six mois. Certains diront que le Premier ministre n’a même pas encore eu le temps de faire ses preuves malgré les excellents taux de réussite qu’il s’est attribué pour ses deux derniers « 100 jours ». Mais le fait est qu’aujourd’hui, la Présidence et la Primature ne s’entendent plus et ce n’est plus un secret pour personne. Toutefois, le locataire d’Iavoloha n’ose pas prendre une décision une bonne fois pour toutes. A chaque fois qu’il affirme que ce n’est pas encore le moment, le Premier ministre souligne de son côté être prêt à obéir aux ordres comme un bon soldat.  Pendant ce temps, certaines personnes organisent un lobbying pour déstabiliser le Palais de Mahazoarivo en proposant des noms en vue du limogeage et du remplacement du général de brigade aérienne. En nommant deux ministres au Sénat, le président de la République a ouvert une brèche dans le gouvernement en vue d’un remaniement mais le Premier ministre s’est empressé de trouver des intérimaires sans d’autres explications. Souvent, l’effet brouillard consiste aussi à parler du strict minimum pour laisser libre aux interprétations et créer ainsi une immense fumée d’informations et de rumeurs qui seront à un moment à l’avantage d’un camp ou d’un autre. Là où l’effet brouillard ne fonctionne pas, c’est face aux partenaires techniques et financiers et autres bailleurs de fonds de Madagascar. En effet, les dirigeants actuels peuvent faire croire que le ciel est bleu à Madagascar, que le plan national de développement prévoit une croissance économique significative et se dire préoccupés par l’avenir de la majorité pauvre, la pompe à dollars n’est pas encore entièrement ouverte et les aides dont bénéficie la Grande île sont encore insignifiantes. Preuve que personne n’a encore réellement confiance en ce régime bleu martial actuel. Et à ce sujet, c’est très clair.

Laza Marovola