Un Etat dans un Etat à Betioky – Les maires défient le chef de district
Trente maires et la quasi-totalité de la population réclament, ensemble, le départ du chef de district de Betioky. La raison est que ce dernier a annulé une décision de la convention villageoise « Dinabe » qui a condamné un individu jugé par la population comme étant coupable d’un délit d’agression et qui devrait payer 13 bovidés à son adversaire. Jugeant la réparation trop coûteuse, le condamné a refusé de s’y soumettre, ce qui a conduit le Dinabe à lui infliger le « Hazofotsy » qui donne à la population le plein droit de le chasser de son village. Cette sentence approuvée par le maire est contestée par le chef de district qui la juge comme contraire à la loi. Le chef de district a également porté plainte contre les maires qui ne respectent pas la loi en vigueur.
Comme première réaction, l’association des 30 maires réclame le remplacement du chef de district qu’elle juge comme étant un faiseur de trouble en sabotant le bon fonctionnement du « Dinabe ». En effet, le respect à la lettre de cette convention villageoise a permis au district de Betioky d’amoindrir la pression de l’insécurité dans la localité, sans avoir besoin de faire appel aux interventions des forces de l’ordre. Empêcher l’application du « Dinabe » risque, selon les élus locaux, d’influencer les villageois à enfreindre la convention ainsi que de provoquer la recrudescence de l’insécurité.
Ce bras de fer entre les maires et le chef de district montre le phénomène d’un Etat dans un Etat puisque les responsables locaux appuyés par les autorités traditionnelles arrivent à s’imposer contre le pouvoir du représentant de l’Etat. C’est aussi un signe de la faiblesse du régime Hvm qui n’arrive pas à s’imposer face aux actions illégales des communautés villageoises.
Dominique Val