Supers zéros
A l’origine, le nouveau président de la République représentait un réel espoir pour le pays et la population dans la mesure où son élection symbolisait le retour de Madagascar dans la légalité après la période de transition. Par ailleurs, ce dernier avait réussi à convaincre la majorité des électeurs grâce à ses promesses mirobolantes presque même miraculeuses. Selon les discours tenus lors des propagandes présidentielles, le fondateur du parti bleu martial a su s’ériger en vrai héros venu sauver le pays, relancer l’économie et sortir la majorité de la population de la pauvreté. Mais tout était trop beau pour être vrai. Jusqu’à l’heure actuelle, le président de la République n’a pas définitivement résolu le problème du délestage alors qu’il s’était donné 6 mois au maximum pour atteindre son objectif. Passé ce délai qu’il s’est lui-même fixé, le locataire actuel du palais d’Iavoloha a commencé à perdre petit à petit la confiance du peuple. Pour couronner le tout, ce dernier a prouvé à maintes reprises ne pas avoir les capacités et les compétences nécessaires pour diriger un pays. C’est la raison pour laquelle il a mis beaucoup de temps à trouver le remplaçant du premier ministre de la Transition. Mais en bon amateur qu’il est, le chef de l’Etat a obligé son deuxième premier ministre importé de Suisse à céder sa place à un général de brigade aérienne proche de son entourage. Après deux ans à la tête du pays, le numéro un est passé de super héros à super zéro. Cependant, le problème du pays est plus grave parce que le président de la République n’est pas le seul concerné par cette mutation. En effet, l’actuel chef du gouvernement, la majorité des ministres et certains chefs d’institution se sont tous montrés sous leurs meilleurs jours avant de devenir des gros salauds sans vergognes usant de leur pouvoir et autorité pour leurs intérêts particuliers et ceux du régime en place. En premier lieu, le Premier ministre actuel a affiché sa volonté de changer concrètement le quotidien de la majorité et après ses deux périodes de 100 jours, il a été plutôt satisfait si l’on tient compte des notes que le gouvernement s’est attribué. Mais quand le chef du gouvernement affirme qu’une eau boueuse est potable, on est bien forcé de le placer dans la catégorie des supers zéros dont la population se passerait volontiers de ses services. Heureusement pour lui, il n’est pas le seul et le ministre d’Etat en charge des projets présidentiels sait exactement de quoi on parle. Ce dernier, et deux de ses pairs, ont commis l’erreur de faire emprisonner deux journalistes de ce quotidien pour un simple délit de presse et rien qu’avec cet acte, tous savaient qu’il n’apportera rien de concret pour le pays. Au contraire, le ministre d’Etat a même essayé de vider en partie les caisses du Trésor public en obligeant l’ancien directeur de décaisser 40 milliards d’ariary pour on ne sait quoi. Presque tous les ministres du gouvernement actuel se trouvent dans le même panier des zéros mais on manquerait cruellement de place pour détailler tous leurs actes, ou plutôt tous leurs crimes contre le pays et la population qui s’appauvrit de jour en jour. Ce massacre doit s’arrêter mais du côté de la justice, on retrouve le même genre d’énergumène avec les mêmes pratiques. C’est le cas à la Haute cour nonstitutionnelle où le poulain du président de la République cherche tous les moyens possibles pour protéger ce dernier contre toutes les attaques venants de l’Assemblée nationale. Pourtant, avant d’occuper le poste de président de cette cour, ce dernier était un fervent défenseur de la loi et de la Constitution, et était même membre de l’Observatoire de la Vie Publique qui critiquait les mauvaises pratiques des dirigeants. En ce temps, on pouvait sans doute le considérer comme un héros mais ce n’est plus le cas aujourd’hui alors qu’il est dans le camp des tenants du pouvoir. Dans la réalité, en plus des bandes de dahalo, la population ne peut pas se permettre d’être dirigée par une bande de zéros corrompus. Mais quoi qu’il en soit, ces derniers auront au moins appris que pour résoudre tous les problèmes, la tolérance zéro n’est pas négociable.
Laza Marovola