Descente aux enfers
Depuis la déclaration de son indépendance, Madagascar n’a cessé d’être mouvementé par des crises qui ont largement participé à la hausse de la pauvreté et au ralentissement de son économie. Il faut donc reconnaître d’avance que le président de la République actuel a beaucoup de pain sur la planche mais contre toute attente, il peine vraisemblablement à gouverner le pays avec brio. Au contraire, il ne cherche aucune solution concrète et perd surtout son temps à réciter les évènements du passé et à accuser ses prédécesseurs. Résultat : personne ne s’occupe du volet social, de la lutte contre la pauvreté ou contre les divers trafics illégaux. En l’espace de deux ans, le trafic de bois de rose et autres richesses nationales a connu un pic, le pays est devenu le troisième pays le plus pauvre du monde et le plus corrompu d’Afrique, la croissance économique peine à dépasser 3%. Pour cause, la politique nationale de développement n’est pas adaptée et ne tient pas compte de la réalité. Elle est surtout basée sur des projets irréalistes et inconcevables coûtant la bagatelle de 18 milliards de dollars. Rien d’étonnant alors si les partenaires techniques et financiers, les bailleurs de fonds sont encore réticents et ne font pas encore entièrement confiance aux dirigeants actuels se targuant d’avoir obtenu la reconnaissance internationale. Il y a aujourd’hui lieu de souligner que le pays a emprunté une descente qui mène directement en enfer, même si pour beaucoup, c’est déjà le cas quotidiennement. En effet, la mauvaise gouvernance et la dégradation de la situation économique ont un impact considérable sur la vie des citoyens. Il ne s’agit pas seulement de ne pas pouvoir joindre les deux bouts à chaque fin du mois ou de vendre ses biens pour se nourrir pour la simple raison que la psychologie prend un grand coup quand rien ne va plus. « Battu moral » comme on a tendance à répéter. Lorsque le moral est à zéro et que les difficultés du quotidien ne permettent pas de renverser cette tendance, un homme est capable de tout. On peut constater à la une de la majorité des quotidiens de la place que la pauvreté entraîne certaines personnes à agir de manière souvent impensable. Qui aurait cru que le président du Fjkm serait interpellé sans pièces d’identités dans une maison de passe en compagnie d’une masseuse ? En plus, ce dernier serait même un habitué mais comme à chaque visite, il essayait de passer incognito. Pour un homme d’Eglise ou de foi, c’est littéralement une descente aux enfers. On pourrait croire que la folie s’est emparée des citoyens et le récent assassinat à Toamasina le prouve. Marié depuis quelques mois seulement, un homme tue, découpe et éparpille les morceaux de sa femme parce que cette dernière a eu le malheur de se rendre chez quelqu’un lui devant de l’argent. Là, on a sérieusement atteint le stade ultime de la folie et aucun retour possible puisque la case prison se trouve à la clé comme récompense. Et c’est la descente aux enfers d’autant plus que certaines enquêtes ont révélé que les anciens prisonniers repassent à l’acte à leur sortie de prison. Ce serait même la cause de l’insécurité qui règne actuellement. Autrement dit, cet homme marié ne pourra plus s’en sortir et il ne pourra pas compter sur une quelconque aide des dirigeants pour la simple raison qu’une politique de réinsertion sociale n’existe pas dans le pays. C’est même la raison pour laquelle les prisons malgaches sont bondées. Pendant ce temps, les petits larcins, les cambriolages, les attaques à main armée ou les meurtres sont florissants, preuve que beaucoup sont capables de tout pour essayer de sortir de la pauvreté, l’enfer vécu au quotidien par plus de 90% de la population. Au fil des années, rien n’a concrètement changé. Les tenants du pouvoir ont peu ou pas du tout accordé de l’importance au principe de redevabilité pour remplir leurs poches avec l’argent du peuple et des bailleurs. A cause de cette réalité qui dure depuis des dizaines d’années, la relance économique du pays n’est pas prête de se concrétiser. Madagascar ne marche pas en reculant parce qu’il a toujours été engagé dans une descente aux enfers.
Laza Marovola