Un cancer incurable !
Selon une définition simple que nous avons trouvée en ligne, le cancer est « une maladie caractérisée par la prolifération incontrôlée de cellules, liée à un échappement aux mécanismes de régulation qui assure le développement harmonieux de notre organisme. En se multipliant de façon anarchique, les cellules cancéreuses donnent naissance à des tumeurs de plus en plus grosses qui se développent en envahissant puis détruisant les zones qui les entourent ». Evidemment, comme toute maladie, il y en a certaines qu’on n’a pas encore tout à fait maîtrisé, c’est-à-dire qu’aucun vaccin n’a été encore inventé pour y échapper et qu’aucun médicament spécifique n’a été créé pour la combattre de manière efficace. Pire, l’association de plusieurs médicaments peut provoquer des effets secondaires difficilement contrôlables par la suite et peut emmener le patient vers l’au-delà.
C’est presque le cas de l’Eglise réformée de Madagascar où les maux qui la gangrène sont nombreux et ce, depuis fort longtemps, si cette affaire de « massage » dans un hôtel bas de gamme – à notre connaissance, il n’a pas été jusqu’ici catégorisé – a occupé les esprits de tous les protestants ces deux dernières semaines. En effet, on a souvent entendu des histoires pas très « sainte » dans les différentes formations et associations qui forment cette église : les chorales, les diacres, les pasteurs, et entre autres les simples fidèles. Il arrive par exemple que des membres féminins de chorales, principalement des jeunes filles, soient bien prises en main – au sens littéral du terme – par un dirigeant de la même association, qui celui-là, est bien plus âgé si certains sont même mariés. Evidemment que cela existe aussi chez les catholiques mais non d’une manière exponentielle et surtout méthodique. Pour les diacres, qui sont la plupart bien mariés, des milliers d’histoires de relations extraconjugales entre eux sont connus. Et ainsi de suite à tous les niveaux. D’un autre côté, le schisme est souvent constaté au sein de cette église et le plus grand exemple est celui d’Andravoahangy, du temps de Marc Ravalomanana lorsque ce dernier occupait la fonction du chef de l’Etat. Actuellement, le Fpvm est partout dans l’île, même dans les parties les plus reculées de Madagascar et n’a vraiment rien à envier au Fjkm. En tout cas, de nombreux fidèles de cette dernière ont rejoint les autres formations cultuelles appelées communément « sectes » et effectivement, elles sont formées à très forte proportion par de désormais anciens protestants. Mais il y a aussi cette manière de diriger l’Eglise en général que beaucoup n’apprécient pas pour la simple raison que cela ressemble à deux gouttes d’eau à de la dictature, soit une communication verticale de haut en bas sans qu’aucune discussion ne soit possible. Chez les militaires, on exécute d’abord puis on rouspète une fois que tout soit fini mais selon certains fidèles qui ont déserté leurs temples Fjkm, il n’y a qu’une seule et unique option.
Pour de nombreux observateurs de la vie de la Nation, un très grand mal ronge cette église : la politique ! Tout le monde l’a constaté, on a utilisé cette église à des fins politiques et l’élection de Marc Ravalomanana à la tête du pays en 2002 et en 2007 est due notamment au soutien du Fjkm. Avec ce scandale du Pasteur Lala Rasendrahasina, président du Fjkm, et par conséquent la consécration de l’ancien président de la République à la toute haute marche de la hiérarchie de cette église – certes, ce dernier partage le fauteuil avec un autre pasteur -, beaucoup redoutent le même scénario alors que cela n’a jamais fait l’unanimité en son sein. L’élection lors du synode national au mois d’août prochain est donc cruciale, non seulement pour Marc Ravalomanana mais aussi et surtout pour l’église toute entière. Certains fidèles déclarent aujourd’hui qu’il devrait avancer cette date puisque la direction est … « collégiale » – on sait que l’autre va se faire manger ‘crûment’ -, et le reste du bureau actuel devra avoir la sagesse de s’effacer complètement et totalement.
« Un trop gros scandale », avons-nous titré de notre éditorial au lendemain de l’éclatement du scandale mais apparemment, les dirigeants de cette église n’avaient pas la capacité de comprendre l’envergure de l’affaire : ce n‘est pas uniquement un tremblement de terre, c’est un tsunami accompagné d’un ouragan ! Et l’onde de choc sera ressenti au-delà des limites habituelles, c’est-à-dire de l’Eglise Fjkm mais touchera aussi la Nation toute entière. L’exemple le plus récent sera l’emprisonnement de l’auteur de ces lignes et de son rédacteur en chef, en juillet 2014, suite à une plainte pour diffamation d’un ministre d’Etat en particulier. Ce dernier croyait que c’était seulement une question d’honneur bafouée mais au final, le régime tout entier était à deux doigts de tomber d’une manière fracassante, selon l’aveu d’un autre ministre. Pire, un pays très puissant au monde a failli annuler le visa d’entrée du président de la République pour un sommet intercontinental mais en tout cas, ce dernier a subi, sur place, la foudre du « number one » de ce pays puissant et a reçu une leçon de démocratie.
Ainsi, il n’y aura pas de solution miracle et la remise en … forme de cette église sera un travail de longue haleine. Le seul remède est, comme on dit en malgache : « ny aza voany ihany » !
Jean Luc RAHAGA