Insécurité permanente !
Il n’y a pas un jour sans que le quotidien de la Capitale ne fasse pas état d’attaques à main armée, de vandales, d’assassinat ou de meurtre, et toutes sortes de crimes dans la capitale. Supposée détenir la plus de concentration des forces de l’ordre dans tout Madagascar, Antananarivo a aussi, sûrement, le taux de criminalité le plus élevé et si une cartographie de l’insécurité va être réalisée un jour, on pourra aisément colorier la ville des mille et les communes périphériques en rouge. Mais aussi en noir puisque l’éclairage public fait défaut à plus de 80% à Antananarivo. Pour en revenir à l’insécurité, aucune zone n’est épargnée même les quartiers réputés calmes comme Faravohitra où des lycéens se font régulièrement détrousser et où les riveraines sont obligées de rentrer avant la sortie des élèves puisque des cas de viols, et ce ne sont pas de cas isolés, ont été recensés. N’en parlons plus du calvaire quotidien des habitants des bas-quartiers obligés non seulement de faire face aux ruelles pleines d’immondices et de toutes les saletés possibles dues notamment à des canaux d’évacuation d’eaux usées qui ne fonctionnent plus, mais aussi à toutes sortes de malfaiteurs bourrées de ganja . Pire, l’air respiré dans ces quartiers est un mélange de « rongony » et de pourriture. Ne parlons plus des autres fokontany tels Mahazo, Ampasampito, Ankerana ou encore Manjakaray. De très nombreux jeunes se trouvent depuis des années en situation de chômage, et par conséquent, n’ont aucun moyen financier pour réaliser leurs besoins primordiaux. D’ailleurs, aucune perspective ne se présente et même armés de bonne volonté, ils sont obligés de voler. La surpopulation de la prison centrale d’Antanimora atteste ce fait et dans les ruelles des fokontany cités supra, il n’est pas aussi bon de s’y attarder plus que de raison. On tabasse, on vole et on viole maintenant pour pas grand-chose et si on se trouve dans le malheur de n’avoir rien à offrir aux malfaiteurs, il vaut mieux prendre ses jambes à son cou et de battre le record de Ben Johnson.
Pour les quartiers des 67ha et d’Ankasina, chaque foulée faite dans la nuit est synonyme d’un pas vers l’au-delà. Pour les communes périphériques, Itaosy par exemple, un vendeur de balles de friperies a été attaqué chez lui à …6h du matin. L’heure est certes matinale mais de nombreuses personnes circulent déjà dans les rues et les bandits n’ont aucune crainte pour réaliser leur forfait d’autant qu’ils sont armés de kalachnikov et de pistolets automatiques. Cet exemple de la Commune d’Itaosy n’est pas particulier dans la mesure où, au minimum, une demi-douzaine d’attaques à main armée se déroule chaque jour.
Et la population vit dans un sentiment de peur permanente mélangée à l’anxiété engendrée par les questions de l’emploi, de logement, et d’autres instabilités récurrentes. Et même en déplacement, les taxi-be et autres transports en commun deviennent des dangereux moyens de locomotion avec lequel le risque de ne pas arriver à bon port est plus probable avec les chauffards de plus en plus nombreux accompagnés des receveurs d’une saleté repoussante. Et en passant, les responsables de la Commune urbaine d’Antananarivo devront programmer des séances d’éducation et de sensibilisation axées sur la propreté du corps que d’aller faire la chasse aux marchands illicites, aux employés de courte durée et autres contractuels. D’un autre côté, les mesures prises jusqu’ici sont loin de mettre un …coup d’arrêt à la délinquance, pire même, les grands mouvements des forces de l’ordre, lourdement médiatisés mais qui ne sont finalement qu’événementiel, n’ont servi qu’à décupler les envies de crime des malfaiteurs. C’est le cas dans la ville de Toamasina où les bandits qui se sont longtemps trouvés dans la frustration par la présence trop massive des forces de l’ordre en tout genre durant l’affaire de kidnapping d’Arnaud et d’Annie, font pratiquement la loi actuellement. C’est bien le cas de le dire que ces dernières semaines, les malfaiteurs vont jusqu’à couper, à coup de machette, le bras de leurs victimes. On ne sait pas s’ils sont contents de leurs œuvres mais toujours est-il que leur barbarie semble ne pas avoir de limite. Et ce ne sont que des exemples endurés par les tananariviens et les tamataviens puisque partout à Madagascar, l’insécurité est désormais permanente.
Jean Luc RAHAGA