C’est une fête qui n’est pas encore très connue à Madagascar mais bien célébrée ailleurs. De toute façon, les Malgaches devraient l’assimiler vite – comme la Saint-Valentin – pour la simple raison que la plupart des familles ont encore cette chance de les avoir, pas si loin de nous et même bien présentes dans nos quotidiens. Effectivement, nos grand-mères s’occupent toujours de leurs enfants et surtout de leurs petits enfants.

Dans les passages difficiles de notre vie, « Maman » est toujours là, et même si l’enfant a passé depuis longtemps le cap du mariage. C’est bien le cas de le dire puisque pour manger le même mets fait de « henomby sy tsaramaso », on trouve facilement le temps de faire un saut chez les parents, il n’y en a pas deux qui font ça comme elle. D’ailleurs, le dimanche après la messe, la direction est déjà toute indiquée et on y passe joyeusement la journée en jouant au loto. A Madagascar, on ne connaît pas l’hospice et il n’est même pas question d’en parler. La famille, c’est sacré et Bekoto a bien raison de le souligner dans une de ses chansons : « Aza misara-mianakavy sy mitokatoka-monina » ! Idem quand son petit enfant, c’est-à-dire l’enfant de l’enfant qui a grandi et qui s’est créé un foyer ailleurs, a la fièvre ou encore tousse un peu. Bien sûr, Maman devenue grand-mère a le remède fait surtout de tisane avec un peu de miel et accompagné de sirop de radis fait maison. C’est aussi le cas quand la bonne a décidé de partir sans prévenir, on fait appel à elle pour prendre les enfants à l’école, pour garder le petit à la maison, ou encore pour pas grand-chose mais on sait qu’elle est toujours disponible pour donner un coup de main. Pour les grandes vacances, c’est le même rituel chaque année, on va à « ambanivohitra » et on y reste un bon moment. Faire le contraire est difficilement inimaginable, la tradition, ça mérite le respect.
Pour le cas spécifique de Madagascar, les grand-mères sont bien présentes dans nos foyers et même que c’est l’inverse qui est plutôt vrai. Des milliers de jeunes se marient et n’ont pas le moyen de louer un appartement, encore moins une maison. On arrange ainsi un petit coin douillet et puis à la naissance du premier enfant, on prend la chambre des parents. Plus tard quand la situation commence à s’arranger, on pense à un petit studio pas loin du demeure familial, et ce, sur indication de la mère. En réalité, personne n’a envie de perdre de vue qui que ce soit et avec l’insécurité qui sévit gravement aujourd’hui, il est toujours bon de rester dans cet espèce de cocon qu’on croit capable de vous protéger tous les malheurs du monde.
Et pourtant, on sait pertinemment que le poids de l’âge pèse sur grand-mère : elle a donné tout son temps, toute son énergie, sa jeunesse, ses plus belles années à ses enfants et voilà qu’elle pense à une vie plus calme, elle est de nouveau en première ligne. Elle n’a pas choisi de vivre au bord de la mer, ni mener une vie peinarde à la campagne mais offre à leurs petits-enfants du temps, de la tendresse, une disponibilité sans limite. De plus, c’est cent fois mieux que la crèche et les solidarités familiales comptent beaucoup. D’un côté, les parents veulent être pris au sérieux et n’ont pas toujours la distance nécessaire pour plaisanter. Ils ont la tête près du guidon et ont peur du lendemain.
Et c’est bien pour tout ça et bien d’autres encore qu’il est plus que temps pour la société malgache, de rendre hommage à leur courage exemplaire. Bien sûr, on ne peut pas se permettre de chantonner dans cette colonne l’autre chanson « Vavaka ho an’i Neny » de Ramy Franck, d’ailleurs, elle est destinée pour la mère, et non pour Grand-mère,  mais Madagascar Matin a décidé d’octroyer une page entière pour elle et faire la promotion de cette fête. On sait que dans les chaumières de ce pays, beaucoup ne mangent plus grand-chose et ce, depuis un bon bout de temps déjà. Mais il est temps de voir cette précieuse présence d’une manière différente. Bonne fête à toutes les grand-mères.

Jean Luc RAHAGA