Dépenses publiques – Impacts négatifs sur la qualité de l’éducation et la santé
En association avec l’Unicef, la Banque mondiale a organisé une nouvelle session de dialogues pour le développement, consacrée cette fois-ci au rapport sur la revue des dépenses publiques des secteurs de la santé et de l’éducation. Celui-ci représente une analyse systématique de la façon dont l’éducation, la santé et la nutrition ont été financées au cours des 5 dernières années.
« Il est important pour Madagascar de veiller à optimiser les dépenses publiques. La transparence des dépenses budgétaires est un élément-clé de la bonne gouvernance, et l’expérience de plusieurs pays montre qu’elle aide à améliorer l’effectivité, l’efficacité et l’équité du processus budgétaire », souligne Coralie Gevers, country manager de la Banque mondiale, institution qui intervient dans les secteurs sociaux à travers le financement de plusieurs projets consacrés à l’éducation, la santé et la nutrition.
« Ceci est un processus important de redevabilité afin que le gouvernement assure le respect des droits de l’enfant et que l’accès à l’éducation et aux soins sanitaires des populations les plus vulnérables soit garanti », explique Elke Wisch, représentante de l’Unicef.
Vu sa portée et dans le souci de coordonner les efforts de tout un chacun afin de favoriser l’émergence de solutions innovantes et durables pour l’amélioration du financement du secteur de l’éducation et de la santé, la rencontre a vu la présence de quelques membres du gouvernement, des représentants des organisations de la société civile et du secteur privé, des partenaires techniques et financiers ainsi que des enseignants-chercheurs.
Les dépenses nationales de Madagascar pour l’éducation et la santé sont essentiellement dirigées vers les salaires, en augmentation rapide, laissant peu de place pour financer les nombreux autres aspects. Dans les deux secteurs, les dépenses sont très centralisées, ce qui peut entraîner des retards dans le transfert de ressources et un manque d’alignement avec les besoins locaux. Compte tenu de cette situation, il faudrait réorienter progressivement les dépenses d’éducation vers les intrants ayant un impact sur la qualité, ce qui pourrait exiger un calendrier plus progressif pour l’intégration des enseignants Fram.
Augmentation de dépenses en salaire
En matière de santé, les dépenses de masse salariale ont également augmenté à la fois en termes réels et en termes de dépenses totales tandis que celles de fonctionnement et les investissements financés sur les ressources intérieures ont diminué. Cela montre que Madagascar est clairement entré dans une situation de déséquilibre très préoccupante en termes d’efficacité et de durabilité de l’offre à la population d’une quantité suffisante de services de santé de qualité.
Les coûts salariaux compressent les dépenses d’investissement et les dépenses récurrentes non salariales. Tous coûts salariaux inclus, la part de la masse salariale de l’éducation publique est passée de 70% en 2006 à 90% en 2013 alors que les dépenses d’investissement ont baissé de 11 à 2% et les dépenses de fonctionnement non salariales de 19 à 7% du total de dépenses d’éducation.
Bien que ces niveaux soient plus ou moins comparables à ceux d’autres pays à faible revenu, l’intégration continue d’un grand nombre d’enseignants Fram dans la fonction publique va faire que cette tendance ne sera pas viable et nuira aux investissements d’importance axés sur l’amélioration de la qualité de l’éducation. Un calendrier plus progressif pour l’intégration des enseignants Fram dans la fonction publique peut être nécessaire afin que d’autres priorités telles que l’amélioration de l’environnement d’apprentissage puissent être maintenues.
Les dépenses salariales régulières dans la santé ont atteint des niveaux beaucoup plus élevés que ceux généralement observés dans les pays peu développés. Si la masse salariale représentait jusqu’à 54% du total des dépenses en 2006, elle affiche actuellement 85% du financement intérieur. Les dépenses en biens et services pour la prestation de soins de santé constituent une très petite part du budget. Le biais prononcé en faveur des salaires dans le financement intérieur a été quelque peu compensé par l’aide extérieur, en particulier pour les biens et services. S’il avait été constaté que Madagascar avait de bons résultats en matière de dépenses avant 2008, le déséquilibre actuel de l’utilisation des intrants laisse penser que le pays ne gardera probablement pas cet avantage.
L’administration et la coordination absorbent la plus grande part des dépenses non salariales récurrentes, plus que les soins de santé préventifs, la santé de la mère et de l’enfant et la santé publique combinées. Les dépenses administratives constituent environ 40% des dépenses récurrentes non salariales, avec une baisse marquée de 43% en 2010 et 36% en 2013. La part revenant aux services hospitaliers est restée relativement constante à environ 25%. La part allant spécifiquement aux services de soins de santé primaires a été significativement réduite de 19 à 11% quoique les dépenses de santé de la mère et de l’enfant aient compensé cette baisse.
Les Maladies transmissibles (MT) et la Santé de la mère et de l’enfant (SME) dominent les dépenses identifiables par programme. Hors budget d’investissement, les dépenses sur les maladies transmissibles prédominent clairement, chaque année suivie par la santé de la mère et de l’enfant. En ce qui concerne l’investissement, les MT et la SME représentent toujours l’essentiel des dépenses ciblées. Il y a eu une certaine augmentation du financement du programme des maladies non transmissibles, ce qui indique que ces maladies commencent à prendre de l’importance dans le budget d’investissement.
Recueillis par FR