Air Mad in Vazaha
La compagnie nationale aérienne n’est plus ce qu’elle était, et c’est tout simplement le résultat de plusieurs années de mauvais choix et de mauvaise gestion. Ces deux dernières années, des hommes proches du président de la République ont été désignés pour s’occuper de la compagnie, notamment de la sortir ou plutôt de la délivrer de l’Annexe B, la liste noire de l’Union européenne. Mais force est de constater que la situation n’a fait qu’empirer. Certains diront que c’est la suite logique de plusieurs mois de grèves mais il ne faut pas oublier qu’elles étaient liées à la mauvaise gestion de la compagnie et sous un fond de détournement d’argent. Madair en 1961, Air Madagascar (diminutif : Air Mad) avait pourtant les atouts pour devenir une grande compagnie et ne devrait même pas se trouver dans cette fichue liste de la commission européenne, selon certains spécialistes et même certains membres du personnel. Mais, des dirigeants ont profité de leur position au sein de la compagnie pour se faire beaucoup d’argent et mener une vie de pacha. C’est le cas de l’ancien Pca et de l’actuel Dg de l’Acm qui ont fourni des soi-disant prestations pour la compagnie contre une enveloppe de plus d’un million d’euros. C’est ce même ancien Pca qui a signé des contrats d’une valeur de près de 80 millions de dollars avec des sociétés étrangères pour le renouvellement de la flotte de la compagnie.
Jusqu’à aujourd’hui, si on a bien suivi ce dossier, la compagnie attend encore trois autres ATR et deux Boeings et cela lui ferai le plus grand bien pour la simple raison que la majorité de ses avions sont cloués au sol. La compagnie est dans une très mauvaise passe et même le nouveau Dg, le canadien, semble avoir du mal à trouver les solutions adéquates malgré sa rémunération hors-norme. Aujourd’hui, il a dû se séparer de plusieurs centaines d’employés tout simplement parce qu’il n’a pas assez d’argent pour payer tout le monde à chaque fin de mois. Quoi qu’il en soit, cela n’a aucun impact concret sur la compagnie pour la simple raison qu’à côté, la concurrence se fait rude : l’Open Sky et l’apparition d’une nouvelle compagnie dont le seul appareil, un Embraer 120 de 30 places, plagie gratuitement le nom du Boeing 747 obtenu neuf par Air Mad en 1979, « Ankoay ». Certains y ont vu les ambitions des propriétaires de cette nouvelle compagnie, très proches (jusqu’ici) du Président de la République. En d’autres termes, la compagnie nationale est devancée sur tous les fronts et est cloué petit à petit au sol. A l’approche du seizième Sommet de la Francophonie, le cas d’Air Madagascar revient sous les projecteurs d’autant plus que des émissaires de l’union européenne sont dans nos murs pour un audit par rapport à une hypothétique sortie de l’Annexe B. Mais il y a également lieu de préciser, avant toute chose, que des responsables de la compagnie pensaient vendre des actions à des sociétés chinoises prêtes à investir les millions, voire même les milliards de dollars pour la relance d’Air Madagascar. Jusqu’à aujourd’hui, cette information n’a pas encore été officialisée mais quand le Président de la République entre en scène pour brouiller les pistes, les théories autour du sort de la compagnie nationale tendent à devenir des véracités.
Ainsi, selon le numéro un actuel, des sociétés étrangères vont nous aider, comme les sud-africains, les mauriciens, l’Alliance Vanille, Air austral et d’autres. Personne ne sait exactement ce à quoi pense réellement le locataire d’Iavoloha, mais la majorité de la population peut facilement y entendre un souhait de privatiser Air Madagascar à travers le fameux 3P du régime bleu martial. Les aéroports internationaux d’Ivato et de Fascène sont déjà tombés entre les mains d’un consortium mené par Aéroport De Paris et la compagnie nationale ne saurait tarder à tomber entre celles des plus offrants. Alors, que ce soit les Chinois, les Français, les Sud-Africains ou les Mauriciens, la compagnie deviendra « Air Mad in Vazaha », comme tous les biens et richesses nationales n’appartenant plus aujourd’hui aux Malgaches.
Laza Marovola