« Hitady ny very » – Rahaingoson Henri : « La littérature malgache a perdu sa place »
On se souvient tous que le mouvement « Mitady ny very » était initié par trois écrivains, poètes mais aussi journalistes, il y a maintenant 85 ans. Il s’agit de Ny Avana Ramanantoanina dont le 125ème anniversaire sera célébré cette année, de Charles Rajoelisolo — 120ème bougie — et de Jean Joseph Rabearivelo — 115ème anniversaire. Ces derniers ont toujours dénoncé la faiblesse de la littérature malgache de l’époque.
En 1931, la majorité des auteurs malgaches écrivaient de manière commerciale, se livrant à des rimes plus qu’à de la poésie au sens propre du terme : « Et plutôt que d’apporter de véritables créations de l’esprit, les écrivains actuels se contentent de rédiger ce que le public attend d’eux. Le métier d’écrivain devient une activité lucrative dépourvue de scrupules, ne contenant aucune moralité. L’usage de vocables inappropriés, le mixage disharmonieux de termes étrangers avec notre langue menace le devenir de notre propre langue », indiquait le trio qui eut donc réagi face à ce désastre littéraire et culturel. Ils ont publié ainsi critiques et recommandations dans le magazine « Fandrosoam-baovao ».
Un devoir
Hier, une conférence dont le principal objectif était la valorisation de la langue malgache s’est tenue dans la grande salle du Palais de l’Académie Malgache de Tsimbazaza. Henri Rahaingoson était au micro et a expliqué au public que la littérature malgache a perdu sa place : « Actuellement, la langue, la littérature ou même l’identité malgache ne sont plus protégés de la mondialisation. Je crois qu’il faut recommencer à rechercher ces choses disparues, ces qualités qu’on a bêtement oublié. On est dans l’ère de l’évolution, et on ne peut pas y échapper. Les chocs interculturels, le développement de la technologie et de la science, et surtout les échanges commerciaux avec les autres pays rendent, petit à petit, muet le malgache. Mais emprunter des mots étrangers n’est pas un pêché, si et seulement si on n’a pas son équivalent en malgache ». On peut redouter en effet un affaiblissement de la langue malgache, abondamment envahie de « vary be akotry ». Selon les membres de l’Havatsa Upem, tout le monde est responsable de la sauvegarde de la langue malgache. Une préservation qui pourra contribuer au développement du pays.
T.A.