Accro aux cracks
Tout au long de cette semaine, certains médias ont soulevé la question sur la santé mentale de la population compte tenu des comportements des dirigeants, des hommes proches du pouvoir et aussi des simples citoyens. Pour les spécialistes, cela résulte d’un état de stress important et d’une frustration causée par les difficultés du quotidien, voire causée par l’absence d’avenir dans le pays le plus pauvre du monde et le plus corrompu en Afrique. On pourrait également associer ce comportement au « burnout » présenté comme le syndrome d’épuisement professionnel. C’est le cas du dénommé Andreas Lubitz, copilote de Germanwins, sans histoire mais victime d’un burn-out, qui aurait volontairement précipité l’Airbus 320 au sol avec ses 149 autres passagers. Il est donc clair qu’à ce stade, on peut ne plus être maître de soi-même et c’est certainement ce qui explique pourquoi deux membres de la garde présidentielle ont passé à tabac à un chauffeur de taxi à Ankadindramamy. Ce dernier s’est juste arrêter une minute pour prendre un client. On notera alors que pour un rien, les membres de la garde présidentielle n’ont pas hésité à se défouler sur un simple taximan pour évacuer la frustration ou la pression, mais aussi pour abuser un peu de leur pouvoir. C’est exactement ce qui s’est passé dans la ville du Grand Port où un mari a décapité et démembré sa femme par jalousie. Ailleurs, des frères ont fini par tuer leur propre mère à cause d’un différend sur l’utilisation d’une somme de 10 millions d’ariary, prévue pour la construction du « fasana ». Les faits rapportés par la presse écrite et audiovisuelle font un éventail de la réalité mais ne dépeignent sûrement pas tout ce qui se passe dans tout le territoire. Cependant, on peut tout de même aboutir à la conclusion qu’une partie de la population est à bout de nerf et est capable de tout pour évacuer le stress. Cela permettrait une sorte de libération, même temporaire, ce qui nous amène à souligner que cette frustration et cet état de stress permanent est principalement causé par l’environnement du pays. Aujourd’hui, le pays aurait déjà dû se trouver sur les rails de la relance économique mais à cause de la mauvaise gouvernance des dirigeants depuis deux ans, le pays ne fait que s’enfoncer. La population craque à causes des mensonges de leur dirigeant. « Ils nous vendent des cracks » dira-t-on familièrement pour signifier que les dirigeants nous mentent toujours. Le crack se présente sous forme de petits cailloux et résultent d’un mélange de cocaïne, d’ammoniaque et de bicarbonate de soude. On dit que la dépendance peut être très forte dès la première prise et qu’il est possible de devenir accro dès les premières inhalations. Même s’il ne s’agit pas ici réellement de la drogue dure, il y a lieu de souligner que les conséquences sont les mêmes. Dès qu’un dirigeant commence à mentir une fois, il doit mentir deux fois, puis trois fois, autant de fois qu’il le faudrait. Autrement dit, il devient très vite accro aux mensonges. Ces derniers se présentent sous forme de fausses promesses, de démentis et même de communiqués officiels, et résultent d’un mélange d’informations factices, de mauvaise foi et de manque de transparence. C’est parce que les dirigeants sont accro aux cracks que le pays ne fait que s’enfoncer, que la population craque et en vienne à la violence. Si le crack est la forme la plus dangereuse de la cocaïne, le mensonge est la forme la plus dangereuse de la mauvaise gouvernance. Dans les deux cas, les accrocs finissent toujours mal. On parle souvent de descente aux enfers quand on parle d’abus de drogue, mais on parle aussi de descente aux enfers quand on regard la situation actuelle du pays. Les dirigeants ont tellement abusé des mensonges qu’ils ne reconnaissent même plus leur propre fils et qu’ils ne parviennent plus à fournir des explications logiques pour démentir une fusillade lors d’une attaque de carrière. Pour cause, le crack provoque des dommages rapides et irréversibles sur le cerveau, des arrêts cardiaques ou respiratoires et un état de fatigue psychique et physique intense. Bref, ce que nous pouvons remarquer chez la classe dirigeante du pays.
Laza Marovola