L’exportation illicite des richesses de la Grande île continue tandis que les premiers responsables malgaches ne sont toujours pas capables d’intercepter les trafics en tous genres, dont dernièrement celui de tortues vers l’Inde. Voilà qui montre l’extrême fragilité du système de protection de la biodiversité à Madagascar.

Près de 146 tortues sont saisis par les agents de la douane de Chatrapati Shivaji International Airport, dimanche dernier. Un agent de  sécurité a remarqué des images suspectes  dans un des bagages des passagers. Il a interpellé l’intelligence Unit Air (Aiu) des douanes. Le sac appartenait à un passager de transit pour Katmandou. Ce passager, un certain Lal Bahadur,  vient de  Madagascar et a « oublié » son sac. Les agents de la douane indienne  ont examiné le bagage et ont repéré 146 tortues dont 139 tortues radiées (Astrochelys radiata) et 7  Angonoka tortue (Astrochelys yniphora). Rappelons que les deux espèces sont en danger critique d’extinction. « Deux tortues radiées ont été retrouvés mortes avec des coquilles cassées dues au stress du voyage. Toutes ces tortues sont rares et nous faisons de notre mieux pour les sauver », annonce Rajiv Ranjan,

Commissaire au sein de l’Aiu.

« D’après le code régissant la saisie des animaux, nous avons l’obligation de nous mettre en contact avec les autorités concernées qui nous dicteront les mesures à prendre. D’après ces responsables, ces espèces exotiques ne pouvaient pas être introduites dans le pays. Nous avons donc contacté la compagnie Air Mauritius  pour le réexportation de ces espèces à Madagascar », rajoute ce responsable d’Aiu. Un officier supérieur annonce que la compagnie a besoin de temps pour obtenir les autorisations nécessaires et suivre le protocole de l’Iata. « Les tortues se trouvent  encore en Inde et attendent leur rapatriement à Madagascar » conclut le commissaire de l’’Aiu.

Le trafic de tortues  bat ainsi son plein ces derniers jours, sans que le ministère de l’Environnement, de l’écologie, de la mer et des forêts, n’ait jamais été capable d’attraper les braconniers qui récoltent ces espèces endémiques dans les parcs protégés. Il faut savoir qu’ espaces sont sous la tutelle du Madagascar National Parks et au niveau des régions, des responsables étatiques ont été placés tels les directeurs régionaux et entre autres les chefs de cantonnement.

Ticket d’embarquement

Evidemment, ces tortues ne prennent pas la route toute seule et à l’instar des parcs dans le sud de l’île, il faut prendre la Rn13, une route nationale dans de piteux état et surtout célèbre par l’insécurité qui règne. Pour arriver dans la Capitale, les trafiquants sont obligés de prendre l’autre route nationale portant le numéro 7 où des dizaines de barrages des forces de l’ordre sont érigés. Enfin, il faut faire face aussi à la douane malgache ainsi qu’aux autres agents de police de frontière lorsqu’il faut prendre l’avion. A coup sûr, ces tortues ne sont pas capables de prendre le ticket d’embarquement à Ivato pour se trouver finalement sur un aéronef d’Air Mauritius ! Mais apparemment, tous les responsables n’ont rien vu et  Lal Bahadur a pu voyager tranquillement jusqu’à Mumbaï avec 146 tortues sans avoir été inquiétés.

Pourtant, le président Hery Rajaonarimampianina a déjà accordé l’octroi de statut définitif de près d’une centaine de réserves naturelles protégées depuis 2015. Ainsi, les observateurs posent la question du rôle du ministère de l’Environnement dans la protection et la conservation de la biodiversité malgache. Les produits de la faune et de la flore endémique sortent en douce et ce sont les douaniers et polices des frontières qui font tout pour empêcher  les trafics. Déjà incapable de s’attaquer aux exploitants et exportant illicites de bois de rose, le ministère s’avère également être impuissant face aux trafiquants de tortues.

Dom et FR