Suspension provisoire de licences d’exportation de crabes – 15 tonnes ont été frauduleusement exportées !
La décision du ministre de la Pêche par intérim tombe comme un couperet pour plusieurs sociétés qui travaillent dans cette filière. Selon des données statistiques, on enregistre une perte sèche de 500 millions de dollars dans cette filière puisque la majorité des exportateurs de crabes ne respectent pas la loi sur le rapatriement de devises !
La semaine dernière, le ministère de la Pêche et des ressources halieutiques a suspendu 8 licences d’exportation de crabes. En réalité, il ne reste plus donc que deux sociétés qui ont observé scrupuleusement les critères exigés par l’Etat. Il s’agit entre autres d’avoir une surface minimale de bassin de 1 500m2, de posséder un site sur de tannes, évitant ainsi la déforestation de mangroves, de détenir une ferme individuelle et opérationnelle, et d’observer une distance minimale entre deux établissements d’aquaculture de crabes à 5 km et situé à 20 km d’un établissement d’aquaculture de crevettes, ainsi que de tenir un registre pour la traçabilité des crabes et des intrants. Des inspecteurs de ce ministère ont effectué des contrôles dans les diverses sociétés exploitant et exportatrices de crabes.
La décision de suspendre provisoirement ces licences d’exportation entre dans la mise en place d’une bonne gouvernance des richesses naturelles de Madagascar et sur ce point, les observateurs estiment que la mesure doit s’étendre sur d’autres filières et domaines. Mais il s’agit aussi de préserver l’écosystème puisqu’on sait que les mangroves sont des forêts d’une importance cruciale pour la lutte contre le réchauffement climatique.
Compagnie aérienne
Appelé le « poumon vert », Madagascar possède environ 2% des mangroves dans le monde et c’est le quatrième pays en importance en Afrique. Mieux, les mangroves protègent l’intérieur des terres contre les dégâts cycloniques et l’érosion en filtrant l’eau et les études montrent qu’elles sont parmi les forêts les plus denses en termes de carbone sur la planète. Ainsi, les mangroves sont la première ligne de défense contre le réchauffement climatique. Par contre, il faut noter une surexploitation des crabes de mangrove survenue surtout depuis l’année dernière et le niveau des captures serait largement supérieur au potentiel maximum estimé à 7500 tonnes. En effet, l’exportation de crabes vivants a atteint déjà 1400 tonnes rien que pour la moitié de l’année 2014 et cette situation s’explique par le fait de l’existence de nouveaux opérateurs.
Et malgré cette décision de suspension, des entreprises ont encore frauduleusement exportées 15 tonnes de crabes à destination de l’Asie à la fin de la semaine dernière à travers une compagnie aérienne d’une de nos îles voisines. Dans ce cas, il faut aussi une surveillance accrue de nos frontières.
Luc Matthieu