Aucune projection !
Les maires nouvellement élus se frottent aux dures réalités de la gestion d’une collectivité. Effectivement, cela fait maintenant un peu plus de six mois que leurs élections ainsi que celles des conseillers municipaux ont été confirmés par le Tribunal administratif. Et pour la population, le temps destiné à faire un état des lieux ainsi que de voir de près les attributions y afférentes est désormais terminé. Certains maires sont partis plus vite que les autres et si on se réfère à l’élu de la Commune rurale d’Alasora, par exemple, l’homme a réussi à faire partir du pont de Mandroseza les marchands ayant occupé illégalement l’infrastructure. Comme son appellation l’indique, beaucoup n’ont pas compris comment on a pu changer un pont en un marché ! En tout cas, pour ce maire bien plus actif, la question sur l’organigramme de son institution est largement dépassée et mieux, la circulation dans cette commune périphérique de la ville d’Antananarivo est devenue fluide. Mais six mois après, ce dernier a presque disparu de la circulation et on a beau scruter les spots télévisés, Alasora n’a rien préparé pour les fêtes pascales.
Qu’importe puisque ce dernier a beaucoup plus progressé par rapport à la Capitale de Madagascar puisque lors de la dernière session extraordinaire du Conseil municipal de la Commune urbaine d’Antananarivo, la question d’organigramme est revenue sur le tapis, et ce, pour la troisième ou quatrième fois. Pour ce qui est de l’assainissement des rues d’Analakely, on sent de nouvelle effervescence et les marchands commencent à s’y installer comme auparavant. Peut-être qu’on avancera, encore une fois, les fêtes de pâques mais apparemment, tenir la discipline n’est pas le fort des dirigeants actuels de la ville. D’ailleurs, comment l’appliquer aussi puisque … ventre affamé n’a point d’oreille ! Et c’est bien le cas de le dire pour la simple raison que les agents de la Cua ne sont toujours pas payés jusqu’ici. Tout comme les mois précédents, le retard enregistré peut aller jusqu’à 15 à 20 jours et dans ce cas, adieu œuf de pâques pour les bambins ainsi que le chocolat pour les grands-parents. Il n’y a que les membres du cabinet de la nouvelle mairesse qui peuvent se les offrir puisque d’après certaines sources d’information, ces derniers seraient toujours les premiers servis. Bref, en quelques mois, rien n’a été ni fait, ni initié sauf peut-être la démonstration d’un camion qui vient de l’Allemagne mais dont la capacité reste à prouver si on en juge par ces canaux d’évacuation d’eaux de pluie et d’eaux usées complètement bouchés dès la première goutte de pluie. En somme, cette nouvelle équipe est submergée par … mille problèmes.
Et c’est dans ce contexte contradictoire, qui par conséquent n’apporte pas la sérénité à toute la population de la Grande île, qu’on a ressorti, pour Antananarivo et ses environs, l’Organisme public de la coopération intercommunale (Opci). Ces dernières années, cette institution a été rendue célèbre par le projet de « Gestion intégrée des déchets solides » (Gids) qui indiquait la fermeture du dépôt d’ordures d’Andralanitra et son transfert vers un nouveau site dont le choix était à faire entre Antsahamarofoza, Anosiala ou Ambohimangidy. Après le tollé général que cela a provoqué au sein de la population des localités évoquées supra, le projet Gids a pris un sérieux coup de frein et le dépôt d’Andralanitra continue de fonctionner malgré les avis contraires de nombreux techniciens de l’Etat et des bailleurs de fonds, mais aussi malgré la forte protestation de l’Association Akamasoa de Père Pedro. L’organisme est donc de nouveau en éveil après la tenue des élections communales puisqu’il faut effectivement renouveler les membres de son bureau. Emportés par leur élan mais aussi par leur méconnaissance complète de la situation, les nouveaux dirigeants promettent monts et merveilles dont en particulier, un objectif qui fait froncer les sourcils de toute la population des 50 communes faisant partie de l’organisme : élever à 35% le taux d’accès à l’eau potable ! Soit un objectif utopique et irréalisable. Si on prend exemple sur la ville d’Antananarivo, seuls 20% des foyers ont accès au branchement particulier. Ce n’est pas faute de n’avoir pas les moyens financiers, loin de là, puisque chaque famille est prête à tous les sacrifices possibles pour que l’eau soit chez elle. Les raisons sont multiples : les heures perdues chaque jour à faire les queues interminables auprès des bornes-fontaines et par conséquent des heures improductives, la volonté d’être propre, une alimentation saine, ainsi que d’autres facilités de la vie qu’on pourrait obtenir. Le réseau de branchement d’eau appartient toujours à la Jirama, en principe, et on sait que cette société au bord de la faillite, n’a pas la capacité ni technique, ni financière pour un investissement de cette envergure. Déjà, remplacer les tuyaux défaillants et/ou encore procéder à la réhabilitation du réseau sont largement au-dessus de ses moyens. On comprend mieux pourquoi les particuliers ont dû attendre plusieurs années avant que leur vœu soit exaucé alors que le paiement relatif au branchement a été déjà effectué.
Et ce n’est pas le financement du Fonds de développement local qui va y remédier et augmenter de manière significative le taux de l’accès à l’eau potable, même s’il s’agit d’un très gros investissement. La multiplication des bornes-fontaines reste l’unique option mais on sait que pour la Cua, on s’adresse plutôt aux partenaires techniques tels les Ongs œuvrant dans le domaine social, que compter sur les recettes propres. Mais apparemment aussi, les dirigeants actuels de la ville ne souhaitent pas ce genre de partenariat.
En somme, rien n’a été fait et pire, rien ne sera fait dans les mois à venir !
Jean Luc RAHAGA