Soixante neuf ans après l’éclatement d’une révolte motivée par la recherche d’indépendance au sein de l’Union française, mais surtout par la volonté de sortir du code de l’indigénat instauré par les représentants de De Gaulle dans la dite colonie française de Madagascar, la lutte pour l’indépendance n’est pas encore achevée. C’est le discours tenu par les rescapés des crimes perpétrés par les troupes coloniales, les descendants des membres du Mouvement Démocratique de la Rénovation Malgache mais également la majorité de la population. Il ne s’agit pas seulement des gens de la Capitale parce qu’aux quatre coins de la Grande Ile, la majorité des Malagasy estime que Madagascar n’est pas totalement indépendante. Les dirigeants étrangers continuent de manipuler nos dirigeants, et c’est le cas de Hery Rajaonarimampianina, grandement critiqué pour protéger les intérêts de la France. A propos des îles malgaches dans le canal de Mozambique ou du prochain sommet de la Francophonie prévu en novembre, le président de le République ne protège pas les intérêts du pays et de la population. Aujourd’hui, son invitation à l’endroit du secrétaire générale de l’Oif coïncidant avec la commémoration du 29 mars 1947 a été prise comme une insulte pour plusieurs nationalistes. Hier, lorsque Hery Rajaonarimampianina est enfin arrivée au Mausolée de Fort-Duchesne, peu après les échauffourées et les bombes lacrymogènes, la population présente ne s’est pas empêchée de lui manifester son mépris. En d’autres termes, la côte de popularité du Président de la République continue de chuter parce qu’il ne prend pas de décisions intelligentes lui permettant d’assurer au moins tranquillement la fin de son mandat.

Plus le droit à l’erreur

Plus de deux ans après son investiture, le Président de la République n’a toujours pas obtenu la reconnaissance de la majorité de la population et a perdu la confiance de plus de 90% de ses électeurs. Pourquoi ? Hery Rajaonarimampianina n’a pas tenu ses promesses électorales et est incapable de prendre rapidement des décisions vitales pour le pays. Mais en plus, son entourage le mène directement à sa perte à cause des abus qu’ils commettent pour s’enrichir au plus vite. Dès la première année de son mandat, la majorité de la presse et des analystes prévoyaient déjà sa chute et s’il a tenu jusqu’à aujourd’hui, c’est grâce à la tolérance légendaire des Malagasy. Toutefois, il ne faut pas abuser de cette tolérance parce qu’à tout moment, la population peut facilement devenir intraitable, notamment si certains politiciens les motivent à s’insurger. Aujourd’hui, le changement du Premier Ministre est une option de survie pour Hery Rajaonarimampianina mais il ne faudrait pas qu’il se trompe de personne dans la mesure où ce recours à un troisième chef du gouvernement est sa dernière chance pour renverser la balance. Si le numéro un actuel fait l’erreur de nominer un autre ami, la population aura certainement du mal à avaler la pilule.

Laza Marovola