Maître du pouvoir
Depuis notre indépendance sur le papier, le pays a connu des hauts et des bas, et jusqu’à l’heure actuelle, la misère continue de ravager les 24 millions d’habitants de la quatrième plus grande île du monde. Depuis un quart de siècle, pour ne pas remonter plus loin dans le passé, le pays a constamment été mouvementé par des manifestations populaires contre les dirigeants du régime en place. A plusieurs reprises maintenant, les issues de ces révoltes ont été bien souvent dramatiques pour des centaines de familles et malheureusement pour des choses qui ne changent pas. Dans le cas contraire, Madagascar ne serait pas l’un des pays les plus pauvres du monde si on tient seulement des richesses du sous sol : or, saphir, rubis, l’émeraude, cristal, pétrole et d’autres encore. Mais il y a aussi le bois de rose et autres richesses terrestres, mais personne n’en verra jamais la couleur ou en bénéficiera concrètement. Depuis que le pays est dirigé par un expert comptable, on compte les nouveaux pauvres représentants aujourd’hui près de 95% de la population. On compte aussi le nombre de rondins de bois de rose sortis illégalement du territoire, soit un record de 12 000 m3 rien qu’en 2014. On compte aussi le nombre de milliards qui disparaissent dans la nature sans que le bureau indépendant anti corruption ne lève le petit doigt. De son côté, la population compte le nombre de jours durant lesquels elle devra encore supporter la mauvaise gouvernance et l’égoïsme des dirigeants. « Tous les mêmes !» C’est ainsi que la majorité voit ses responsables étatiques qui se sont tous servis des fausses promesses pour contrôler et manipuler la population. Depuis maintenant plus d’un an et demi, la confiance entre le peuple et le président de la République est rompue parce que le règne de ce dernier s’est révélé être une déception totale. Pire, beaucoup ont déjà véhiculé l’idée de la mise en place d’un régime dictatorial auquel la population devra obéir si elle ne veut pas goûter aux joies de la prison. Aujourd’hui, les forces de l’ordre n’hésitent pas à utiliser des bombes lacrymogènes et même des matraques électriques pour faire comprendre à la population qu’elle a juste le droit de garder le silence. Ce rêve bleu, Aladin aurait tout fait pour l’éviter contrairement aux électeurs malgaches qui ont eux-mêmes sceller leur sort. L’erreur est humaine mais se répare dit-on. Ainsi, s’il s’avère que le vote pour le candidat numéro 3 soit une erreur grave pour le développement du pays et la lutte contre la pauvreté, la population peut encore corriger cette erreur. En plus, la Constitution de la Quatrième République stipule clairement que le peuple Malagasy est souverain. Il est vrai que si la voie légale est toujours souhaitée, il se peut la population fasse abstraction de cette option. Pourquoi ? Cela signifie qu’il faudra encore essayer de survivre pendant encore près de trois ans sous le règne de l’expert comptable devenu grand argentier de la Transition puis président de la République. Pour la majorité de la population, ce serait un vrai calvaire mais s’il faut le faire, elle le fera. Toutefois, si certaines personnes, notamment des leaders politiques, parviennent à réunir et rallier le peuple à leur cause, il faut souligner que ce dernier n’hésitera pas non plus. Un colonel élu sénateur de Madagascar l’a prouvé récemment en réunissant assez de personnes pour que les forces de l’ordre tirent des bombes lacrymogènes sur des enfants jouant dans la cour de leur petite maison dans le champ de bataille, et non dans la prairie. Mais si la situation n’est plus tolérable et si la population se sent obligée de se rebeller en sachant que cela ne changera strictement rien, elle envahira la place de la Démocratie ou du 13 mai au moment où les autorités étatiques s’y attendent le moins. Quand ils s’en rendront compte, il sera déjà trop tard puisque la population, source de tout pouvoir, aura déjà décidé de reprendre les pouvoirs qu’elle a légués par le suffrage universel direct au président de la République. D’un côté comme d’un autre, des décisions doivent être prises pour essayer de stopper l’hémorragie.
Laza Marovola