Is’art galerie – Le lien de fraternité chez les Zafimaniry en photos
Classé patrimoine culturel immatériel à l’inventaire de l’Unesco, l’art Zafimaniry est aujourd’hui reconnu internationalement. Malheureusement, rares sont ceux qui occupent des postes importants au sein de la société qui pénètrent le pays Zafimaniry jusqu’à son cœur puisqu’il faut du temps et de l’endurance. Car ce ne sont pas la chaise ni le briquet qui représentent l’art Zafimaniry, ce sont des villages entiers qui apparaissent comme de véritables merveilles : essaimés sur un territoire vaste et isolé, parcourus seulement de nombreux sentiers.
Les motifs géométriques qui ornent volets et fenêtres des maisons de bois seraient des réminiscences de signes magiques destinés à protéger la communauté, et à témoigner de ses liens avec son environnement. Là se niche le secret de leur art, dans les liens que les Zafimaniry tissent entre eux et dans leur rapport à la nature. Longtemps, ils furent les ultimes conservateurs d’un art de vivre forestier, aujourd’hui disparus sur le reste des hauts plateaux. Longtemps, ils perpétuèrent cette vie communautaire que la modernité gommait partout ailleurs. Mais on dit qu’ils désiraient le riz, qui ne se plaît guère en forêt. Parce que leur nombre augmentait, ils ont dû défricher : rizières et steppes herbeuses ont remplacé le bois. On peut le déplorer, ou bien accepter cette inévitable évolution. Ce qui s’est conservé malgré tout, c’est le lien de fraternité entre les villageois. Un trésor que les Zafimaniry ont su préserver malgré les difficultés, et qui frappe invariablement l’étranger qui leur rend visite.
Aujourd’hui, revenue du pays Zafimaniry, Sophie Bazin a voulu ne garder que l’essentiel et l’étale à travers une exposition baptisée « Fraternité ». « Durant plusieurs années, j’ai photographié, en argentique et en noir et blanc, les visages de ces inconnus qui m’accueillaient chaque fois comme un membre de leur village. Frappée par la dignité de leur port, par leur force, je l’étais plus encore par le lien qu’ils me permettaient de tisser avec eux. Ils étaient devenus une sorte de nouvelle famille, et j’avais envie de prolonger cette compagnie. Alors j’ai fait la peinture de leurs visages, en nuances de gris et en grand format : ce sont Neny Lisy et Neny Bozy, aujourd’hui décédées », dixit l’artiste. Ainsi, le vernissage sera effectué ce jeudi 7 avril à l’Is’art Galerie, à La Teinturerie et l’expo s’étalera jusqu’au 7 mai. A découvrir absolument !
Recueillis par T.A.