Mourad Abdirassoul, Questeur 1 auprès du Sénat -« La priorité des priorités c’est l’accompagnement des communes »
Les premiers responsables du bureau permanent du Sénat ont tenu une séance d’information avec les journalistes, en début de semaine. En effet, cette institution a été fermée au public et les journalistes, pendant plusieurs semaines, sans que ces derniers ne soient même au courant. Lundi dernier, le président du Sénat Honoré Rakotomanana et le premier questeur, Mourad Abdirassoul ont enfin apporté des explications sur cette décision. Mais pour mieux détailler le sujet, le questeur a accepté gentiment de nous procurer de plus amples informations concernant les activités du Sénat.
Madagascar Matin (M.M) : Récemment, vous avez décidé d’assainir le Sénat. En quoi consiste vraiment cette opération ?
Mourad Abdirassoul (M.A) : L’opération d’assainissement consiste à faire correspondre l’effectif des employés du Sénat non seulement avec les besoins de cette Institution mais aussi avec les moyens mobiliers disponibles. Actuellement, il y a plus de 10 personnes dans un bureau ne pouvant contenir plus de 3 personnes. Ce qui est inadmissible d’un point de vue sanitaire et professionnel.
Dans tous les cas, nous avions décelé des employés fantômes pour lesquels nous sommes en train de prendre des mesures adéquates. La prochaine étape consiste à vérifier les faux diplômes présentés par certains employés pour décrocher un poste quelconque. Par ailleurs, les bâtiments qui abritent le personnel du Sénat sont dans un état de délabrement avancé, ce qui nécessiterait un investissement en réparation et en entretien. Or, le budget alloué à cette opération est plus qu’insuffisant. D’où la recherche d’autres formes de financement à travers le partenariat ou la coopération avec certaines ambassades en particulier.
M.M : Selon vos rapports, la Chambre haute dispose de 15, 476 millions d’Ariary de budget pour toute l’année. Cette somme ne suffirait-elle pas à couvrir les travaux à effectuer ?
M.A : Cette somme est vraiment loin de suffire aux besoins de fonctionnement du Sénat. Il faudra faire beaucoup de sacrifices en reportant certaines dépenses dans les calendes grecques. Cependant, c’est un exercice qui vaut la peine d’être vécu car il faut bien comprendre que le pays n’a pas les moyens suffisants jusqu’à ce jour pour faire face aux besoins croissants des différents départements et institutions. Le plus important c’est que les Sénateurs puissent avoir leurs indemnités de mission pour pouvoir accomplir leurs devoirs dans les collectivités territoriales décentralisées, gage du développement socio-économique des communes très reculées du pays. Pour votre information, plus de 10 milliards d’ariary de ce budget seront destinés uniquement aux soldes du personnel du Sénat tout confondu. D’où la nécessité de l’assainissement au niveau du personnel pour pouvoir diminuer ces charges. Et plus de 4 milliards ariary sont destinés pour le fonctionnement de l’Institution. La partie réservée au PIP est de l’ordre de 600 millions ariary alors que nos besoins actuels pour la réparation des bâtiments et la rénovation des mobiliers de bureau et du parc informatique sont de plus de 2 milliards d’ariary. Mais nous nous débrouillerons dans la mesure du possible avec ce budget, l’Etat ne pourra pas tout satisfaire vu l’état de nos recettes budgétaires actuelles liées aux activités économiques nationales qui ne sont pas fameuses. Politique d’austérité oblige.
M.M : Par quels moyens comptez-vous concrétiser les différents projets, et dans quel délai ?
M.A : Le partenariat public-privé et la coopération avec les organismes internationaux et les ambassades sont la solution que nous préconisons à court terme. Comme les besoins sont énormes et concernent tous les domaines entre autres, informatiques, véhicules, mobiliers, réhabilitation des bâtiments,…. Le délai sera plus ou moins long et dépendra des réactivités des partenaires.
M.M : Etant parmi les sénateurs nommés et non élus, pour la question de la redevabilité, quelle importance prend-elle dans vos prises de décisions ?
M.A : La redevabilité doit être considérée sur plusieurs plans : sur le plan personnel et relationnel avec le président de la République, ma mission consiste à mettre en place une bonne gouvernance au niveau du Sénat loin de la corruption et du népotisme ainsi qu’une gestion saine et efficace des deniers publics. Je pense être à la hauteur de cette mission car cela est conforme à mes convictions personnelles et à l’éthique que je véhicule depuis longtemps. Pour information, c’est lui-même qui m’avait sollicité de dispenser des cours d’économie à l’Inscae dans les années 90. Il connaît donc mes compétences et les valeurs que je prône. Il sait aussi que je suis un homme de résultat et un battant. Sur le plan de la redevabilité vis-à-vis de la population, bien que je sois un sénateur nommé, je vais sillonner certains districts dans la province d’Antananarivo avec mon équipe du cabinet afin d’ apporter notre part de brique pour relever améliorer le niveau de vie de la population rurale. Nous avons choisi le District de Manjakandriana et celui de Mahitsy comme champ de prédilection de nos interventions, sauf autres directives émanant du vice-président du Sénat d’Antananarivo.
M.M : Selon vous, quels devraient être les priorités du Sénat, qui est à la fois une institution de législation mais également celle de conseiller pour le régime ?
M.A : Pour moi, la priorité des priorités pour le Sénat est l’accompagnement des communes dans leur développement socio-économique. En tant que représentants des collectivités territoriales décentralisées et des organisations sociales et économiques, les Sénateurs ont un grand rôle à jouer pour faire avancer les différents projets permettant d’améliorer le niveau de vie de la population. Les autres priorités concernent l’accompagnement de l’Exécutif dans l’exercice de ses fonctions par le biais du déblocage des différentes entraves qu’il pourrait rencontrer sur terrain. On jugera le vrai patriotisme des sénateurs sur le terrain du développement économique et social dans les collectivités territoriales décentralisées. Par contre, il faudra penser à leur donner les moyens nécessaires à cette fin.