Développement mal planifié
Depuis maintenant plus de quarante ans, le pays a remis les compteurs à zéro à chaque soulèvement populaire conduisant à l’intronisation d’un nouveau président de la République. Bien que des centaines de personnes aient perdu la vie dans cette lutte pour le changement, il se trouve que rien n’a vraiment changé. Comme le chef actuel de l’Etat, on peut pointer du doigt les anciens dirigeants dans la mesure où ils sont aussi responsables de la situation chaotique et désespérée du cinquième pays le plus pauvre du monde selon le classement 2015 du FMI. Certains anciens présidents ont certes accompli de grandes choses, de grosses œuvres pour le pays ou plutôt dans le pays mais cela n’a eu aucun impact concret sur l’amélioration du quotidien de la population. Les responsables étatiques pensent tous au développement du pays mais c’est la manière d’y arriver qui cause problème. C’est le cas des hommes actuellement au pouvoir. Ils veulent réellement lutter contre la pauvreté, établir un état de droit, atteindre une croissance à deux chiffres mais ils ne peuvent pas s’empêcher de penser à leurs intérêts particuliers. C’est la raison pour laquelle les priorités ne sont pas les mêmes et que la population continue de souhaiter le vrai changement. Autrement dit, le peuple, source de tout pouvoir, n’est plus satisfait de la prestation du chef d’Etat actuel et de son équipe. C’est grâce aux citoyens s’ils sont au pouvoir et c’est avec l’argent des contribuables qu’ils s’enrichissent. Le peuple a longtemps attendu le changement mais de nos jours, on parle encore par exemple de délestage, de coupures d’eau et d’électricité contrairement aux promesses présidentielles. L’électricité est pourtant une ressource capitale pour le développement économique et humain. Mais à Madagascar, le fonctionnement du secteur énergétique est dicté par des politiques ayant réussi à mettre à mort la compagnie nationale, dont l’électricité est un vrai luxe pour la majorité de la population. Ainsi, certains citoyens n’hésitent pas à investir dans des appareils solaires d’autant plus que les dirigeants tardent sérieusement à basculer vers l’utilisation de l’énergie renouvelable malgré les atouts du pays. Si le coût de la vie continue d’augmenter tandis que le pouvoir d’achat ne cesse de diminuer, on ne pourra pas parler de développement d’autant plus que la relance économique tant annoncée ne se fera pas avec un taux de croissance très faible. De manière générale, le mot développement désigne l’action d’une avancée ou le résultat de cette action mais 95% de la population concernée par la pauvreté ne peuvent pas en dire autant. Au contraire, il y a régression et certains parlent même de dirigeants qui avancent en reculant. Nous sommes maintenant en 2016 et le seul développement constaté est celui des dirigeants ou des hommes proches du pouvoir qui ne cessent de s’élargir. Récemment, l’un d’entre eux a même été évacué au service de réanimation polyvalente au CHU de La Réunion pour obésité aigüe avec une défaillance multi viscérale en voie de régression après un choc hémorragique sur ulcère bulbaire. Autrement dit, il s’est trop développé en largeur pour atteindre même un poids de 104 kilos quand, dans le sud, certains adultes ne pèsent même pas 50 kilos à cause du kere ou insécurité alimentaire. Les personnes touchées par ce fléau ne peuvent même pas témoigner d’un développement parce qu’elles n’ont même pas le temps d’y penser. Depuis des dizaines d’années, les populations du sud ont toujours eu du mal à trouver de l’eau et de la nourriture et ne pensent donc qu’à rester en vie pendant que les dirigeants ne pensent qu’à s’enrichir grâce au pouvoir. Ainsi, on ne peut pas dire que les dirigeants actuels agissent pour le développement auquel la majorité pense. Mais puisque ce développement est mal planifié, les dirigeants ne pourront jamais faire long feu à la tête du pays.
Laza Marovola