Hier, le Fonds mondial pour la nature (Wwf) a alerté la population mondiale et surtout les dirigeants de ce monde que la moitié des sites du patrimoine mondial naturel sont menacés par l’activité humaine. Il s’agit principalement des explorations pétrolières et minières ou la déforestation. Sur les 229 sites de la planète, 114 sont extrêmement menacés, voire même en danger réel. Madagascar n’est pas épargné, plus précisément les forêts humides de l’Atsinanana, inscrits au patrimoine de l’Unesco en 2007 puis inscrits sur la liste du patrimoine mondial en péril en 2010. Aujourd’hui, en 2016, plus de 40 000 hectares de forêts sont détruits chaque année, ce qui réduit encore l’espérance de vie du patrimoine mondial. Les forêts humides de l’Atsinanana comprennent 6 parcs nationaux répartis sur le long des marges orientales de l’île, et sont très importants pour le maintien du processus écologique nécessaire à la survie de la biodiversité unique de Madagascar. Mais le fait est que ce patrimoine mondial est victime de l’exploitation intensive de bois précieux et du braconnage visant notamment les lémuriens. Contre cela, le ministre de l’environnement, de l’écologie, de la mer et des forêts Ralava Beboarimisa n’y peut concrètement rien. En effet, un seul ministre ne fait pas le poids face à une mafia déjà très bien organisée et infiltrée dans les coulisses du pouvoir.

Mesures de protection futiles

A l’heure actuelle, le ministre de l’environnement peut se targuer d’avoir effectué le recensement de tous les stocks de bois de rose saisis sur le territoire ou d’avoir été à l’origine d’une loi portant création de la chaine spéciale en charge de la lutte contre le trafic illicite de bois précieux. Mais jusqu’à aujourd’hui, aucun important trafiquant connu n’a été encore interpellé. L’ambassadeur des Etats-Unis a même déjà regretté la fuite ou plutôt la disparition de certains déjà retenus en mandat de dépôt ou en détention provisoire ou préventive. Ainsi, le trafic continue parce que les coupes illicites fournissent encore le marché. C’est la raison pour laquelle les forêts humides de l’Atsinanana sont sérieusement en danger. Compte tenu de son ancienneté ou de son âge, les forêts de l’est de la Grande Ile regorgent des troncs de bois de rose de bonne qualité et c’est le terrain de jeu préféré des gros bonnets du trafic. Aujourd’hui, ce genre d’activité illégale n’a laissé, dans l’est de Madagascar, que 8,5 % des forêts d’origine. Pour éviter d’atteindre le seuil critique, le ministre Ralava Beboarimisa a certes réussi à augmenter la surface des aires protégées de Madagascar mais cette mesure reste inefficace. En effet, la majorité des coupes illicites mais aussi des exploitations de gemmes se passent impunément dans ces zones protégées.

Laza Marovola