L’accord de collecte ouvre la porte pour 94 navires, dont 40 senneurs et 54 palangriers de différentes tailles de l’Ue. Il prévoit la capture de 15 750 tonnes de poissons dans les eaux de la zone économique exclusive de la République de Madagascar. En contrepartie de l’utilisation de cette zone de récolte, l’Union européenne va financer le secteur de la pêche de Madagascar à hauteur de 700 000 Euros par an et par une autre contribution générale de quelque 866 250 Euros pendant les deux premières années de l’accord et 787 500 Euros durant les deux dernières années. Au total, l’accord prévoit une contribution de 6 107 500 Euros de l’Union européenne à la République de Madagascar.

Près de 8 palangriers battant pavillon malgache ramassent annuellement autour de 500 tonnes de thonidés et d’espèces assimilées. La part des unités de l’Ue représente 47% des prises de thonidés et d’espèces associées avec des moyennes de captures autour de 13 000 t mais avec des fluctuations interannuelles. 80% des captures totales enregistrées par les navires de pêche de l’Ue dans les eaux malgaches découle de l’activité des senneurs de l’Ue, battant pavillons espagnols ou français, avec une composition de captures qui diffère selon que la récolte se déroule sur dispositifs de concentration de poissons (Dcp) dérivants, sous lesquels le listao domine (52 %) ou sur bancs libres.

« L’industrie thonière a également un impact négatif sur les communautés de pêcheurs locaux et les populations qui dépendent du poisson pour leur subsistance. Les pêcheurs artisans qui ciblent le thon souffrent de la pression que les industriels font peser sur les stocks », note Greenpeace avant de rajouter « Les ressources sont gérées par la commission thonière de l’Océan Indien où siègent majoritairement des Etats non-riverains qui effectuent 97 % des captures. Il est impératif que les pays de l’Océan Indien se réapproprient et maîtrisent leurs ressources halieutiques ». Cet Ong dénonce les conditions de travail dans les navires de collecte au thon.

Les thoniers senneurs ne seinent pas que du thon. Un cortège de prises accessoires remplit également les filets, comprenant des espèces habituellement ramassées par les petits pêcheurs locaux, comme les dorades coryphènes par exemple. Le thon jugé comme de moindre qualité et les autres espèces de poissons commercialisables sont utilisées pour payer les dockers en nature. Ces derniers les vendent ensuite sur les marchés locaux, notamment en Côte d’Ivoire et à Madagascar. Or l’arrivée de ce « faux poisson » ou « poisson cassé », comme il est communément appelé, déstabilise les marchés locaux car il est vendu à bas prix. Le « faux poisson » vendu au port est si bon marché que les pêcheurs locaux n’arrivent plus à vendre leurs produits et voient leurs revenus s’effondrer.

A bord des thoniers senneurs européens opérant dans l’Océan Indien, on trouve beaucoup d’Africains parmi les marins de pont, le plus souvent des Malgaches et des Sénégalais. D’après les témoignages de marins malgaches recueillis lors d’une expédition de Greenpeace dans la région, ces derniers ont confié ne gagner qu’une centaine d’euros par mois et travailler selon des conditions contractuelles très précaires. Ils sont systématiquement obligés de passer par des agences de recrutements  appelées agences de « manning » qui paient très en retard les salaires et prélèvent une part de leur dû qui peut parfois atteindre 50%.

Recueillis par FR