Eternel recommencement
Cela devait arriver tôt ou tard, à un moment ou un autre. Le changement est une nouvelle fois à nos portes et si beaucoup sont contents d’avoir entendu le décret relatif à la démission du gouvernement, d’autres sont beaucoup plus pessimistes. Pour cause, le chef de l’Etat change de Premier ministre à chaque nouvelle année de son mandat, preuve qu’il n’arrive pas à s’en tenir à une décision et une ligne de conduite. Pour certains, le pays retourne de nouveau à la case départ, à croire que les responsables étatiques actuels n’ont tiré aucune leçon de leurs erreurs et de celles de leurs prédécesseurs. Mais les dirigeants actuels du régime bleu martial sont assez exceptionnels et les problèmes ont même commencé très tôt. Depuis que le président élu au suffrage universel direct a décidé ou a été influencé de se séparer et de rompre tout contact avec ses alliés naturels, la majorité de la population ne s’attendait plus à rien de sa part. Le poulain de la bannière orange ayant atteint le sommet de l’Etat ne s’est pas gêné pour écarter ses alliés naturels d’un revers de la main dès lors que les clés du pays lui ont été remises. Jusqu’à aujourd’hui, les conséquences de cette traitrise se font ressentir : le président de la République est plus impopulaire que jamais et peu de monde ont encore confiance en lui. Le président actuel a tout fait pour avoir le contrôle total sur les postes stratégiques et politiques du pays et continue de n’en faire qu’à sa tête sans avoir le contrôle sur le gouvernement et notamment sur le Premier ministre. En 2014, alors qu’on parlait de sortie de crise pour la Grande île, l’instabilité politique ne fait que s’aggraver. L’ambassadeur marocain a même déjà fait passer le message aux dirigeants actuels, de la part de l’ensemble du corps diplomatique, lors de deux présentations de vœux au palais d’Etat. Le message n’est certainement pas passé ou a été mal compris parce que le pays continue d’être paralysé par une querelle entre le chef de l’Etat et le chef du gouvernement. Aujourd’hui encore, on sent que le parti politique fondé par le président a encore fomenté, organisé et obligé le chef de la Primature à tirer sa révérence. Une fois de plus, le président actuel vient d’écarter un de ses alliés, qu’il avait exceptionnellement promu général de brigade aérienne avant sa nomination. Aujourd’hui, ce général doit avoir le sentiment d’avoir été trahi et trompé par son entourage alors qu’il s’est engagé corps et âme comme un bon militaire à essayer d’agir dans le cadre du développement du pays. Le président de la République lui a dit le contraire au début de cette année, preuve que la séparation actuelle a déjà été longuement pensée. Le mieux placé a finalement eu le dessus et n’a pas attendu un contexte sociopolitique plus calme pour frapper et suspendre une nouvelle le recul du pays tout entier. Compte tenu de la situation actuelle, il faut croire que le chef de l’Etat a toujours tendance à se séparer de ses proches collaborateurs. A l’instant même, il doit certainement être soulagé d’avoir une nouvelle fois sauté le pas pour montrer qu’il est le patron à Madagascar. Mais sa décision a un prix, et comme l’année dernière, des sommes énormes iront certainement dans les poches de plusieurs parlementaires pour faire une autre entorse à la Constitution dans le cadre de la nomination du nouveau, du troisième Premier ministre. Tout le monde savait que le changement de gouvernement n’était qu’une question de temps mais aujourd’hui, tous espèrent un vrai changement pour ne pas en arriver à se rebeller une nouvelle fois contre les dirigeants en place. La crise politique n’a jamais pris fin dans le pays et il continuera d’être ainsi tant que les intérêts particuliers auront l’attention des hommes à la tête du pays qu’ils considèrent comme une simple vache à lait. Aujourd’hui, on a l’impression d’avoir déjà vécu la journée de la veille dans la mesure où tout n’est qu’éternel recommencement dans ce régime bleu martial.
Laza Marovola