Des combattants au pouvoir
Au fil des années, la population de la quatrième plus grande île du monde n’a fait que plonger un peu plus dans la pauvreté à cause des dirigeants qui se sont succédé à la tête du pays. Aujourd’hui, Madagascar est le pays le plus corrompu d’Afrique et le cinquième pays le plus pauvre de la planète mais quoi qu’il en soit, les dirigeants se sont engagés en toute connaissance de cause et ne peuvent pas juste profiter du pouvoir pour s’enrichir. Mais contre toute attente, le président de la République n’est pas en mesure de répondre concrètement aux attentes du peuple. La situation du pays est telle qu’il fallait véritablement un guerrier à la tête du pays pour faire tourner la roue. La Grande île est en effet un véritable champ de bataille et un simple tas de ruine où certains continuent de dilapider les richesses restantes. Pour faire enfin profiter la population, le chef de l’Etat devait se préparer à la guerre de sa vie hélas, il ne connaît d’art martial que son deuxième prénom. En vérité, c’est un simple expert comptable qui ne fait que calculer les chiffres qui changeront dans son relevé bancaire. Après plus de deux ans et maintenant trois gouvernements, le président de la République est mal vu par la majorité de la population. Selon certains, il serait même le président le plus impopulaire de ces dernières décennies qui espère encore être réélu en 2018. Cet objectif nécessite un exécutif fort et puissant, paré à surmonter toutes les épreuves, si on comprend les mots du nouveau Premier ministre qui se sent prêt pour le combat. Par définition, un combat désigne une lutte, un violent conflit entre deux ou plusieurs personnes (ou bien entre deux ou plusieurs organisations). L’objectif est généralement d’établir une dominance par rapport à la partie opposée. Généralement, ce terme fait référence aux conflits armés entre des forces militaires pendant une guerre mais désigne également un duel entre deux personnes, comme un combat de boxe. En se basant sur cette définition, on se demande alors avec qui le nouveau chef du gouvernement veut combattre. Mais dans son discours, comparé par certains à celui d’un vrai chef d’Etat, le nouveau patron de Mahazoarivo a indiqué qu’il était temps maintenant de s’attaquer au volet social, la lutte contre la pauvreté ou la lutte contre le chômage. Au passage, ce dernier a également affirmé que la population a un besoin urgent de voir des résultats concrets. Même si le combat ne se met pas directement en exergue, il faut reconnaître que dans ces différents cas, il y a toujours des individus qui en profitent pour s’enrichir. Il faudra donc réellement combattre la corruption, mais dans ce cas, on donne le Premier ministre, perdant d’avance. De toute évidence, le combat ne se situe pas réellement sur ces problèmes mais vraisemblablement sur les élections de 2018. D’ailleurs, le nouveau chef du gouvernement et ancien ministre de l’Intérieur et de la décentralisation est un expert par rapport aux modalités des élections. Dans ce cas, on peut comprendre plus facilement le gouvernement de combat que ce dernier souhaite mettre en place. Pour cause, il s’agit maintenant de combattre et de battre des personnes, comme stipulé dans la définition. Bien avant l’heure, beaucoup ont déjà fait miroiter ou même officiellement annoncer leur candidature pour les prochaines présidentielles et certains médias n’ont pas hésité à les qualifier d’adversaires sérieux. Si le président de la République souhaite donc obtenir un deuxième mandat, il ne peut pas se permettre une défaite aux élections. S’il faut nommer le ministre de l’Intérieur à la tête du gouvernement, il ne voit aucun problème. Cependant, il faut se demander si le nouveau Premier ministre est réellement prêt et s’il ne se trompe pas de combat. En effet, il a récemment subi une grosse opération dans un hôpital réunionnais et est obligé aujourd’hui d’avaler des cachets pour éviter une crise cardiaque. Quoi qu’il en soit, espérons qu’il n’en sera pas ainsi lors de la première motion de censure contre lui parce que le pays ne peut pas continuer à avancer en reculant.
Laza Marovola