Plus d’un demi-siècle après la proclamation de l’indépendance, plus de 90% de la population vit dans la pauvreté avec moins de deux dollars par jour et mille kilomètres de routes continuent de disparaître chaque année. La croissance économique parvient à peine à dépasser les 3%, faisant ainsi des croissances à deux chiffres de simples légendes. Jusqu’à aujourd’hui, la population pointe du doigt les hommes qui se sont succédé à la tête du pays. Ces derniers se sont enrichis sur le dos de la population qui a continué de s’appauvrir compte tenu de l’absence d’une politique claire sur l’emploi et contre le chômage. Evidemment, nos dirigeants n’auraient pas pu faire cela tout seul et ont notamment été aidé par des gouvernements étrangers. A ce propos, l’opinion est toujours restée la même concernant l’ingérence de la France dans les affaires d’Etat. On accuse trop souvent nos dirigeants de mauvaise gouvernance mais il faut reconnaître qu’ils n’ont sans doute pas le choix et obéissent à certains ordres pour continuer d’avoir un soutien technique mais aussi financier. Les mallettes ne circulent pas qu’à l’Assemblée nationale. Pour cause, il y a encore des richesses à voler de la Grande île même si à l’heure actuelle, la majorité des genres de bois de rose de Madagascar sont en voie de disparition. Mais il ne s’agit pas seulement de bois précieux mais de toutes autres ressources pouvant rapporter plusieurs millions de dollars américains. Puisqu’il n’y a pas de résultats concrets dans la lutte contre ce genre de trafic, on peut facilement en conclure que les hommes au pouvoir et les plus gros trafiquants travaillent en étroite collaboration. La quatrième plus grande île du monde est peut être riche mais sa population continue de s’appauvrir. Pendant ce temps, les petites îles voisines comme Maurice qui est passée sous l’ère Hollandaise, la colonisation française puis britannique. Quand on demande à des citoyens d’imaginer Madagascar dans 25 ans, beaucoup pensent que rien ne changera à la seule différence que tout appartiendra aux étrangers. Compte tenu de la situation actuelle, force est de regretter que notre pays ne se développera peut être jamais à cause de différents problèmes politiques ou diplomatiques ne changeant en rien le quotidien de la population. Lorsque les dirigeants abusent trop de leur pouvoir et ne prennent pas le temps d’écouter et de répondre aux vraies attentes de la majorité, ils seront écartés suite à la pression de la rue. Vers le dernier trimestre de l’année dernière, une enquête a rapporté que la majorité des citoyens ne voulaient plus de coup d’Etat mais les évènements actuels prouvent le contraire, même financés. La population est prête à tout, même à revenir sur ses paroles s’il existe encore un espoir de changement réel. C’est sur ce point que les dirigeants actuels veulent faire basculer la balance mais les premiers pas du nouveau gouvernement sont très difficiles dans la mesure où dès sa formation, les critiques n’ont cessé de pleuvoir. Il y a eu certainement des changements au niveau de l’exécutif mais la majorité est perplexe dans la mesure où certains ministres sont des putschistes ou mêlés à des affaires de corruption. Aujourd’hui, les dirigeants doivent être très réactifs sur plusieurs dossiers en même temps pour enfin gagner la reconnaissance nationale et dans ce cas, on peut encore espérer quelque chose. Mais si les hommes responsables de la concrétisation des promesses présidentielles continuent d’être dépassés par la situation et plus occupés à travailler dans leurs propres intérêts, on peut s’attendre au pire. « C’est chaud quand même en ce moment », a affirmé une mère préférant rester chez soi, loin des différents foyers de tension dans la ville. Quand les uns crient à l’injustice et que les autres n’entendent pas, le pays ne se développe pas mais reste constamment au même stade. Certaines personnes tirent certainement des bénéfices de cette situation et elles sont responsables de monter les Malagasy entre eux et de paralyser complètement l’appareil étatique pour continuer de voler les biens des Malagasy. Même si la majorité de la population ne profite pas des richesses du pays, il est toujours inacceptable que des étrangers continuent de s’en accaparer.

Laza Marovola