L’éclatement d’un conduit principal d’eau, vieux de plus 110 ans et placé en tête du réseau de distribution peut aujourd’hui être considéré comme la goutte faisant déborder le vase. Depuis mardi et certainement aujourd’hui, et dans certaines communes se trouvant au bout du réseau comme Ambohimangakely, des milliers de foyers ont été privés d’eau. Si l’eau est la vie, alors, une bonne partie de nos concitoyens seraient déjà actuellement à l’agonie. C’est la première fois qu’une coupure de cette envergure a lieu dans la Capitale mais la majorité ne veut plus comprendre. Les dirigeants n’ont pas su prévoir ce genre d’accident et prouvent ainsi leur incapacité à bien gouverner le pays. En plus, les éternelles coupures de courant mettent encore plus la population en colère contre les hommes au pouvoir. La tension qui règne au sein de la majorité est insoutenable. On sent que la situation peut déraper au moindre faux pas ou au retard des prises de décisions et des applications des solutions.

Si des groupes de citoyens se rassemblent aujourd’hui de manière sporadique, les hommes au pouvoir ont tout intérêt à ce que leur réunion ne s’éternise. Du côté de la justice, les greffiers et les agents pénitentiaires comptent intensifier leur mouvement parce que le nouveau Garde des Sceaux a été incapable d’apporter des solutions concrètes. Dans le cadre de l’assainissement et l’embellissement de la ville, les dirigeants de la Commune Urbaine d’Antananarivo se heurtent aujourd’hui à une contestation massive et colère générale des marchands de rue. Dans le secteur du transport, certaines coopératives ont déjà manifesté et tous se préparent même à cesser toute activité pour bloquer complètement le quotidien de la majorité des Tananariviens. Les gens ne soutiennent certainement pas tous ces mouvements, mais quand leur vie et leur quotidien entrent en jeu, ils n’hésiteront pas à se rebeller. Puisque l’histoire a prouvé que les soulèvements populaires sont fréquents dans la Grande Ile, les hommes au pouvoir sont maintenant avertis.

En position de combat

Si le nouveau Premier ministre a affirmé avoir écouté et entendu les revendications des différents manifestants, cela n’a visiblement rien changé à la situation. Le chef du gouvernement Olivier Mahafaly a aujourd’hui l’opportunité de prouver à la majorité de la population l’efficacité de son gouvernement de combat, au bon sens du terme, s’il y en a. Compte-tenu du gouvernement actuel composé entre autres de putschistes, il va de soi que le pouvoir exécutif se prépare pour une bataille. Après plusieurs années de déception, dont les deux premières du mandat de Hery Rajaonarimampianina, la majorité de la population espère aujourd’hui un combat pour le respect des droits et l’application des lois ou pour arrêter les grands trafiquants de bois de rose. Mais ce n’est visiblement pas encore le cas si on s’en tient au blocage et divers foyers de tensions actuels. Il se pourrait même que le gouvernement de combat d’Olivier Mahafaly ait choisi la population comme adversaire. Les citoyens souhaitant encore se rassembler sans autorisation préalable ont déjà été avertis par le Commandant des forces de l’ordre, habitué à mater des manifestants et à mettre fin aux revendications. Quoi qu’il en soit, la majorité de la population ne se laissera plus intimider par les forces de l’ordre lorsque la situation sera intolérable. A ce moment, les citoyens seront également prêts au combat.

Laza Marovola