Festivités de l’Indépendance – Sous le signe de la réconciliation nationale
Dans l’après-midi de dimanche dernier, les Forces armées et les politiques se sont retrouvés en l’Eglise anglicane d’Ambohimanoro pour un culte œcuménique. Sous la direction de la branche du FFKM d’Antananarivo, quelques grands ténors de la vie politique malgache actuels étaient présents. Parmi eux, on pouvait notamment relever la présence de Lalao Ravalomanana, candidate à la prochaine élection présidentielle, l’ancien chef de l’Etat Albert Zafy, le président du Congrès de la Transition Mamy Rakotoarivelo, des parlementaires tels que Manandafy Rakotonirina et Eliane Naika, le ministre des Télécommunications, de la Poste et des Nouvelles technologies Ny Hasina Andriamanjanto. D’autres personnalités politiques en vue ont également honoré l’invitation à l’exemple de Tovonanahary Rabetsitonta ou Lalatiana Ravololomanana.
D’une certaine manière, toutes les tendances politiques ont donc eu des représentants à Ambohimanoro. D’autant que le culte a été organisé pour promouvoir la réconciliation nationale et notamment le pardon considéré comme un élément clé du processus de sortie de crise. Les observateurs ont notamment remarqué la poignée de mains entre l’épouse de l’ancien chef de l’Etat Marc Ravalomanana et l’Archevêque d’Antananarivo, monseigneur Odon Razanakolona. Cet événement, considéré comme impensable il y a encore quelques semaines, constitue sans nul doute le moment fort de ce culte d’Ambohimanoro.
Sommet à quatre
En effet, depuis le début de cette crise en 2009, l’église catholique était considérée comme l’une des plus importantes forces soutenant le mouvement à l’origine de la chute de l’ancien chef de l’Etat. La présence de l’archevêque d’Antanananarivo lors des différentes cérémonies organisées par la Transition – et l’absence de ses homologues protestants, anglicans et luthériens – semblent avoir corroboré cette idée. Par ailleurs, on estime souvent que les protestants soutiendraient, dans leur majorité du moins, l’ex-Président Ravalomanana dans la mesure où celui-ci est le vice-président de la FJKM. Cette vision dichotomique s’est imposée petit à petit à tel point qu’un moment la division religieuse semble constituer la ligne de démarcation entre les différentes entités politiques engagées dans la crise : les catholiques seraient majoritairement pros-Rajoelina et les protestants majoritairement antis-Rajoelina.
Ave cette poignée de mains à Ambohimanoro, cette vision, au final assez simpliste de la vie politique, trouve désormais ses limites. Intervenue à quelques jours de la célébration de la 53ème année de l’acquisition de l’Indépendance, elle symbolise l’effort que déploie le FFKM pour un apaisement sociopolitique. L’organisation compte d’ailleurs sur des événements comme celui-ci pour faire avancer sa médiation même si pour le moment il rencontre des difficultés sur l’organisation de ce sommet à quatre.
L. D. Alexandre