Les tenants du pouvoir actuels ont plus d’une corde à leur arc, ce qui explique ces nombreux trophées collectionnés en seulement deux années à la tête du pays. Le régime a, en effet, fait pour le pays  plus que tous ses prédécesseurs réunis et depuis l’indépendance on n’a jamais vu pareille réalisation. Ce qui leur vaudrait une place dans le Guinness des records. C’est d’ailleurs ce qui pourrait expliquer la conquête internationale que les concernés entreprennent avec tellement d’ardeur et de ténacité.  Vu que sur le plan national, tout a déjà été fait et insister davantage ne serait pas raisonnable, en plaçant la barre trop haut pour les prochains qui voudraient s’essayer au pouvoir. Personne n’arriverait à la hauteur de nos très chers dirigeants en termes de corruption et de politique de la mallette, de démagogie et de censure, en matière d’appauvrissement et surtout de répression, et sans oublier les nombreuses protestations et foyers de tension dans toute l’île. En soixante ans d’indépendance, le pays est en train de vivre les pires moments de toute son histoire alors que le monde entier est en cours de s’engager sur la voie du développement durable.

La pauvreté n’a jamais été portée à un tel niveau que par le régime actuel. En effet, selon les chiffres des organisations internationales œuvrant à Madagascar, 92% des malgaches vivent actuellement en dessous du seuil de pauvreté. Soit avec moins de 2 dollars américain par jour. Il est vrai que le seuil a été fixé à 2Usd par jour mais certains malgaches ne trouvent même pas le dollar de la journée. Dans une étude faite sur 155 pays, seulement 19 pays, dont Madagascar, ont connu une régression économique cumulative pendant ces dernières années. Et d’autres pays qui ont subi la même crise politique, des guerres civiles ou ethniques comme le Liberia ou encore la République Démocratique du Congo ont pu redécoller leur économie actuellement. Ils ont pu recouvrer la croissance économique d’avant, ce qui est loin d’être le cas de Madagascar. Le Programme des Nations Unies pour le Développement (Pnud) renchérit en plaçant Madagascar à la 169^ème place sur seulement 175 pays à travers l’Indice de Développement Humain (Idh). Face à cela, et pour s’assurer une stabilité temporaire, le régime a trouvé la solution à travers la politique des dessous de table. Un autre des actes que le régime a su porter à son paroxysme et qui lui vaut la palme d’or qui irait à merveille avec cette robe bleue au festival des âneries politiques. En effet, de mémoire de vieil homme, notre pays n’a jamais connu pareilles situations où l’acquisition d’un soutien politique se fait à coup d’argent, où même le moindre petit guichet d’un service public demande à être payé au comptant, où les richesses naturelles se retrouvent à Singapour et autre lieu pittoresque sans que personne ne sache comment ni pourquoi. En matière de corruption, Madagascar est classé parmi les pays les plus corrompus du monde. En Afrique subsaharienne, la Grande île occupe la queue du peloton. Le classement établi en 2014 par l’Organisation internationale non-gouvernementale Transparency International a placé Madagascar au 133ème rang mondial sur 174 pays enquêtés. Et les talents des bleus ne s’arrêtent pas là car il ne faut jamais laisser les gens sur une mauvaise impression. De ce fait, il faut jouer son rôle et apprendre son texte par cœur, pour être un bon démagogue surtout. La démagogie est un art, une notion politique et rhétorique désignant l’état politique dans lequel les dirigeants mènent le peuple en le manipulant pour s’attirer ses faveurs. Sauf que seule une poignée de gens qui mangent à leur faim et boivent à la source gobent ces bêtises. Des bêtises comme quoi l’économie du pays est en marche, que le combat contre la pauvreté et la corruption est en bonne voie, que la liberté d’expression est une réalité. Pas plus tard que mercredi, les locataires, car ce n’est pas pour toujours, du Palais ont donné un bel exemple de la censure devant le premier homme des Nations Unies. Dans la matinée, à Anosy, quelques personnes avec une seule banderole sur laquelle figurait deux mots ont fait savoir leurs mécontentements face à la situation du pays. On a ouïe dire que Monsieur allait porter plainte pour ça. Et si tout le monde portait plainte contre Monsieur ? Ce ne sont pas les motifs qui manquent en tout cas. Plus tard le jour même, la parole a été interdite aux journalistes de la presse privée, Monsieur était dans la place.

Mais voilà, les voix ne peuvent pas se taire quand la survie de la Patrie ne tient qu’à un fil et que le pays part en lambeaux. En atteste les nombreuses protestations sociales et grèves en tout genre dans le pays. Pour réponse, Monsieur n’a fait que reprendre les paroles d’un homme qui l’a déjà désavoué en disant « un coup d’Etat est inacceptable (…) j’exhorte le peuple à trouver des solutions pour le développement du pays ». N’est-ce-pas la chose pour laquelle Monsieur a été engagé ? En tout cas, cela nous a apporté une leçon sur comment se faire des ennemis : les voler, leur mentir, les tromper, les violenter et à la fin s’innocenter !

Ny Aina Rahaga