On a tous déjà plus ou moins vu ou du moins entendu parler de ce livre « pour les nuls » de couleur noir et jaune. Au tout début de son histoire, ce livre n’était destiné qu’aux apprentis geek ou plus clairement des fans d’informatique et de jeux vidéo, de science fiction etc. Il s’agissait d’une collection de manuels informatiques, publiés en France par les éditions First. Ceci dans le but répondre aux questions des utilisateurs peu expérimentés, la collection a ensuite élargi ses thématiques pour proposer des ouvrages de vulgarisation sur tous les sujets. Actuellement, on peut trouver « la cuisine pour les nuls » ou encore « la drague pour les nuls », « l’Afrique pour les nuls » et même « le terrorisme pour les nuls ». Les éditeurs ont bien étoffé la collection depuis sa création en novembre 1991 et même qu’on peut en trouver quelques uns chez les bouquinistes d’Ambohijatovo. Quoique ces derniers temps, le taux de fréquentation de ces petites boutiques a lourdement baissé. Malgré cette perte d’intérêt pour les livres et la senteur du vieux papier, de nombreux éditeurs continuent de remplir les rayons de nos bibliothèques et des petites étagères de ces gens qui ne peuvent se passer de tourner des pages au lieu de le faire d’un clic. D’ores et déjà, nous les remercions ces gens- là car sans cette passion de la lecture, notre travail ne servirait à rien, même si l’ère du temps nous a obligé à nous adapter à la nouvelle technologie et nous retrouver aussi sur la toile.

Bref, revenons à notre sujet. Plusieurs éditeurs ont proposé des guides de voyage ou de simples ouvrages concernant Madagascar, sa beauté naturelle, la culture malgache, mais aussi le peuple malgache. Il semblerait que dans un futur proche, les éditions First soient tentées d’étoffer la collection d’ouvrages sur la Grande île, ses mœurs, us et coutumes et ce qui se fait d’habitude chez nous. Avec la situation actuelle et les évènements qui se succèdent, en effet, on n’est pas à l’abri  de voir paraître avant 2018 « le pouvoir pour les nuls-Edition spéciale Madagascar ».  L’on a cherché partout mais hélas, nulle part ailleurs on n’a vu pareil qu’ici. Hier, aurait dû se faire la commémoration de la journée du 13 mai 1972. Une date marquante dans l’histoire du pays que l’on enseigne aux écoliers, dès le primaire, c’est-à-dire à la base même de l’éducation et de l’enseignement. Malheureusement, et pour la toute première fois dans l’histoire, cette commémoration n’a pas pu se faire. Et ce qu’on retiendra, c’est seulement le fait que le régime en place vit dans la peur de voir les mécontentements de la population éclater au grand jour. A un tel point que même déposer une gerbe de fleurs est maintenant interdit et qu’une centaine d’hommes et de femmes en tenue militaire sont dépêchés sur place pour veiller à ce que cela ne se fasse pas. Il fallait s’y attendre après les grands mots sortis par les « responsables » lors de la commémoration du 29 mars dernier. Dorénavant, n’espérons plus pouvoir demander une autorisation pour manifester car la seule réponse possible sera le refus. Autre chose, la liste des entités politiques et civiles à réclamer le départ des tenants du pouvoir actuel semble s’allonger de jour en jour. Si au début, on le prenait pour une farce venant d’un artiste à la recherche d’une réussite politique, les idées se font maintenant de plus en plus concrètes et pertinentes. Partie d’une simple demande de démission par un nouveau venu dans la politique, elle tend maintenant à se généraliser et à être abordée de façon plus concrète (voir notre article d’hier). Maintenant, cela ne peut plus être considéré comme de simple gaminerie car l’appel a été lancé au niveau du parlement face à l’inefficacité évidente du régime. Devenue par la suite une problématique dans toute l’étendue du territoire de la République. D’autant que, dans la capitale ou ailleurs, on n’entend plus que du mal de ces hommes au pouvoir. Les principaux concernés le savent et comme nous l’avons dit hier (Edito du vendredi 13 Mai-Comment se faire des ennemis), ils tentent vainement de rejeter la faute sur d’autres personnalités afin de s’innocenter. A tel point qu’on distribue maintenant des tracts à cinq heures du matin pour diaboliser certaines personnes. Dans le besoin, les gens accepteraient bien sûr de se lever si tôt pour quelques billets. Mais au final, ces prospectus n’ont fait que salir les rues de la capitale et donner plus de travail aux pauvres balayeurs de la Commune. Pourtant déjà fatigués après le nettoyage express obligé lors de l’arrivée du numéro un des numéros un.

Pour tout cela et bien plus encore, on s’attend à ce que dans les prochains mois, l’annonce d’une édition spéciale pour les nuls à la sauce du pays fasse le buzz et remplisse nos librairies et salles de lecture. Ce qui serait dommage, c’est que dès sa sortie, cet ouvrage, bien épais, ne sera déjà plus à jour tellement les nuls au pouvoir ne cessent de nous surprendre. Mais malgré tout, soyons attentifs, car à leur sortie et dès qu’on le pourra, on se les arrachera.

Ny Aina Rahaga