Dama de Mahaleo se rappelle de l’année 1972 – « A l’époque, les gens n’ont ni faim ni menacé d’insécurité »
Il est de tradition notoire dans l’Histoire de l’Humanité de toujours trouver que l’époque d’avant est meilleure que celle qu’on vit. Les Malgaches, tout aussi traditionnalistes et parfois hermétiques à toute évolution qu’ils sont, n’y échappent pas. Mais pour le chanteur Dama, du groupe Mahaleo, mis aux braises sur les événements du mai malagasy, dont la commémoration fait cette année l’objet d’un marchandage, voire chantage politique à l’extrême, il réagit à vif. Jeune lycéen de 18 ans, à l’époque se rappelle-t-il, les échos du mouvement estudiantin puis devenu rapidement populaire, lui parvient à Antsirabe. Il fait rapidement partie des animateurs dans sa ville d’adoption, avant de monter dans la capitale participer aux débats houleux sur l’après-Philibert Tsiranana, au sein de ce qu’on appelle à l’époque les « Komity Iombonan’ny Mpitolona » (Kim). Les résolutions de l’époque n’évoquent, en aucune manière des problèmes ni sociaux ni économiques de la part des « mpirotaka » (grévistes), tient-il à souligner. Elles se sont cantonnées à la remise à niveau du système scolaire aux réalités nationales. Un objectif que l’on a facilement traduit par « malgachisation » et tous les errements qui s’en sont suivis. Les gens sont amenés à suivre le mouvement des étudiants en médecine indignés de leur statut vis-à-vis des autres étudiants expatriés puisqu’ils sont eux-mêmes conscients d’être mal dans leur peau.
Changement de robe
Mal d’une déculturation à outrance à travers les programmes scolaires, le système sociopolitique à sens unique vers la francisation à tout vent, etc. Rien ne prédestine la population de l’époque à une révolte populaire car l’éducation dite publique est gratuite, tout comme le système sanitaire… La population a pu être mobilisée car elle se sent mal à l’aise dans un habit mal taillé qu’on lui a fait endosser dès l’époque coloniale avec le greffage du système colonial sur celui de la Royauté. L’indépendance en 1960 n’a été qu’un autre changement de robe vers la République. Toutes des notions que le peuple malgache de l’époque, encore imbu du « iray vatsy, iray aina » du Fokonolona, a dû ingurgiter sans pouvoir en maîtriser le moindre élément.
La grève des étudiants du 13 mai 1972 a donc été l’étincelle qui a mis le feu aux poudres du retour vers la recherche identitaire d’un peuple avide de vivre et revivre son authentique valeur culturelle dans un monde où le terme de « mondialisation » n’est pas encore à la mode, résume Dama. Une quête qui a été toutefois trop vite stoppé nette avec la brusque et tragique disparition du Colonel Ratsimandrava qui a basé sa vision politique sur le « Fokonolona » !
Solo R.