53ième anniversaire des Forces Armées
Certes le même jour on célèbre aussi le 53ième anniversaire de l’Indépendance, il n’aurait été que juste de contribuer à un débat sur la question, encore plus en période de crise. Mais à un vrai débat il n’y a pas place, les polémiques acerbes noient les tentatives d’échanges de réflexions. A la simple mais utile interrogation « qu’avons-nous fait de cette Indépendance » un flot de réponses virulentes, toutes faites, inspirées et entretenues par des camps politiques pourtant opposés, étouffe avec brutalité toutes tentatives d’échange d’idées et réflexions. Sentence catégorique qui avorte tout débat, sentence la plus souvent entendue, « nous n’avons pas une Indépendance du pays ». De prime abord, les conditions exprimées par la communauté internationale ressemblent à s’y méprendre à une forme de pratiques intolérables d’ingérence, d’autant plus que cette communauté ne s’embarrasse pas de procédure pour envelopper ces conditions avec un emballage pour paquet cadeau composé d’exigences. Les acteurs politiques locaux se rebiffent ou s’y rangent selon que ces exigences conviennent ou non à leurs intérêts politiques conjoncturels, et tentent toutes sortes de campagne de communication de gagner l’opinion à leur cause, et au besoin d’exciter une sorte de réaction xénophobe. Le schéma actuel se résume de façon simple : la communauté internationale pose ses règles demandant à l’ensemble Madagascar (peuple, gouvernants, acteurs politiques) de trouver une solution pour sortir d’une impasse d’un état de non-droit. Au vu et au su du monde il y a eu et il continue d’y avoir des passe-droits, et les exceptions au droit ne sont pas le meilleur chemin pour revenir à l’état de droit. Achtung ! Les choses évoluent, et les règles avec. On a crié au scandale lorsque les règlements officiels ont exigé des joueurs de football y compris des gardiens de but d’être chaussés de chaussures spéciales aux normes spécifiques avant d’avoir le droit de monter sur le stade. Si le pays veut évoluer au sein de la communauté internationale, il ne peut que s’adapter aux règles de celle-ci, il peut évoluer en dehors de cette sphère, le choix relève de l’indépendance, la liberté de tout peuple à disposer de lui-même, qui diffère de la liberté d’un renard à pénétrer dans un poulailler. Evidemment à l’intérieur de cette communauté les plus puissants dictent les règles, on peut s’en désoler mais ce n’est ni réaliste ni d’une fine stratégie de vouloir imposer ses propres conditions pour y être admis. Des digressions qui ont éloigné du propos concernant les forces armées. Le sujet heureusement se traite en quelques questions sans réponse. L’armée a pour raison d’être de défendre le pays et le peuple contre les agressions qui mettent en péril l’intégrité du pays et du peuple, contre tout ennemi venu de l’extérieur ou de l’intérieur. En isolant de ces considérations la politique et les politiciens (peut-être à classer parmi les fléaux et catastrophes naturelles), on est conduit à identifier deux ennemis : la pauvreté d’une part et l’insécurité d’autre part. Lutter contre la pauvreté n’est pas dans les cordes de l’armée. Rien n’interdit cependant de lui donner mission de mener une guerre totale contre le phénomène de l’insécurité, une insécurité à la fois atteignant un niveau de terreur que contradictoirement devenue banale tant elle devient un cadre du quotidien touchant l’ensemble du territoire. La question interroge sur la retenue qui se manifeste à ne pas y engager les forces armées adultes de 53 ans d’existence. Douterait-on par hasard de l’efficience de l’armée ? Possible, et ça ne serait du reste que légitime, aucune expérience réelle ne permet de mesurer l’efficacité réelle de l’armée. Seulement s’agissant d’une armée de 53 ans d’âge, le doute devrait lui bénéficier, c’est une armée que l’on peut considérer adulte, le seul risque concerne les dérapages par des exactions contre la population comme l’ont prouvé nombreux cousins de la soldatesque africaine.
Léon Razafitrimo