Invasion acridienne – La crise politique en cause
Madagascar fait actuellement face à une invasion acridienne de grande ampleur. Selon la FAO, « les pertes de production rizicole pourraient s’élever à 630 000 tonnes soit environ 25 pour cent de la demande totale en riz du pays, ce qui aurait de graves répercussions sur la sécurité alimentaire et nutritionnelle et sur les moyens d’existence des catégories les plus vulnérables ». Selon un chercheur d’un grand institut de recherche français, la crise politique a une lourde responsabilité sur la prolifération des essaims, donc sur l’origine même des ravages provoqués par les criquets dans les régions où ils passent. « Elle (la crise politique, ndlr) a entraîné une réduction drastique de l’aide internationale » pour lutter contre les essaims et les bandes larvaires qui jonchent les sols, a notamment expliqué le spécialiste.
Selon encore ce chercheur, les méthodes de prévention restent l’utilisation des insecticides, notamment des organophosphorés, « en faible quantité concentrée avec des pulvérisateurs ». Or, selon le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad), « les financements nécessaires ont ainsi cruellement manqué et seuls 30% des besoins semblent avoir été couverts ». Ce manque s’explique largement par la suspension des aides.
Urgence
La conséquence de ce manque de financement pourrait être catastrophique. Selon la FAO, « une campagne de lutte de grande envergure nécessite la mobilisation d’urgence d’un minimum de 22 millions de dollars pour pouvoir démarrer à temps au moment des prochains semis de septembre. Or, à ce jour, les fonds alloués en réponse aux appels de la FAO sont nettement insuffisants ». Elle a encore ajouté que « d’ici septembre, les deux-tiers du pays seront infestés par les acridiens ». Selon encore l’agence onusienne, c’est la sécurité alimentaire et les moyens d’existence de quelque 13 millions d’habitants qui sont concernés. Ce qui présente près de 60 pour cent de la population dont 9 millions sont directement tributaires de l’agriculture pour se nourrir et vivre.
Certes, l’exécutif transitoire a déjà pris des mesures face à cette invasion acridienne. Des structures ont été mises en place et un fonds d’urgence a été adopté. Mais jusqu’à ce jour, les résultats de la lutte reste encore insuffisants. Les criquets continuent encore de ravager les cultures sur une partie non négligeable du territoire national. Des actions plus concrètes et efficaces doivent donc être entreprises dans les plus brefs délais. Ainsi, selon le Directeur général de la FAO José Graziano da Silva, « si nous n’agissons pas immédiatement, le fléau pourrait durer des années et coûter des centaines de millions de dollars. Cela pourrait donc bien être notre dernière fenêtre d’opportunité pour conjurer une crise prolongée ».
Recueillis par L. D. A.