Chefs fokontany de la Capitale – 15 mois sans indemnités !
Les chefs fokontany, principalement ceux d’Antananarivo, sont dans la galère totale. Déjà qu’ils ne sont pas rémunérés et ne reçoivent qu’une indemnité de 40 000 ariary par mois, cela fait 15 mois et 14 jours qu’ils n’ont rien reçu. En réalité, chef fokontany est un métier déshonorant !
Faisons un calcul pour ce travail à plein temps puisque partout, le chef de fokontany est réclamé de jour comme de nuit. Avec cette indemnité de 40 000 ariary, ce dernier gagne 1 333 ariary par jour et évidemment, il ne peut pas prendre les recettes contenues dans la caisse du fokontany pour remplir le … vide. Cela s’appelle « détournement » et il peut aller en prison pour ça.
D’ailleurs, ces recettes sont si infinitésimales et ne proviennent que de quelques papiers administratifs comme le certificat de résidence par exemple. Prendre l’argent de la caisse, dans ce cas, n’est pas du tout conseillé puisqu’elle peut se retrouver très vite … vide aussi ! Par contre, les habitants du fokontany exigent souvent que leur chef soit présent de manière presque permanente puisqu’il ne s’occupe pas uniquement de signer les papiers cités supra mais aussi, doit régler de nombreux problèmes : celui des ménages par exemple où la plupart du temps, le père n’emmène plus rien à la maison, et entre autres les différends entre voisins.
Ville basse
Le chef fokontany doit aussi descendre chaque jour à l’intérieur de son territoire pour la lutte contre l’insécurité, la prolifération de la drogue et du rhum artisanal appelé « toaka gasy ». Dans sa ronde, ce dernier remarque souvent des groupes de jeunes désœuvrés, ayant quitté le banc des écoles faute de moyens financiers mais souvent, le chef fokontany n’ose pas leur adresser la parole de peur de se faire agresser. Ce cas est courant, notamment dans la ville basse, mais le premier responsable préfère ne pas polémiquer et garder le silence. Dans ces quartiers, la vengeance est un plat qui se mange … chaud ! Pire, il doit aussi faire face à l’exigence des forces de l’ordre de composer les « andrimasom-pokonolona » pour renforcer – mais en réalité pour assurer – la sécurité !
D’un autre côté, le chef fokontany ne peut aller loin avec ces 1 333 ariary par jour d’indemnité, même pas de quoi manger convenablement une fois par jour et rien que pour lui. Il est ainsi obligé de ne pas rater aussi son activité principale et on comprend mieux maintenant pourquoi le régime en place, par l’intermédiaire de la préfecture de police, a du mal à les remplacer alors qu’ils sont en place depuis la dernière transition. A coup sûr, les candidats ne vont pas se bousculer si les actuels chefs fokontany se trouvent dans de grandes difficultés.
J.L.R