Le récent déplacement de Lalao Ravalomanana à Morondava semble confirmer une stratégie politique qui a fait ses preuves en 2002 en faveur de son époux : la conquête des voix en utilisant les structures confessionnelles et plus particulièrement protestantes. En effet, l’ancienne Première Dame et actuelle candidate à l’élection présidentielle ne manque jamais de faire une visite au temple et souvent en profite pour nouer des contacts avec les croyants. Dans la capitale du Menabe, son meeting s’est même tenu devant l’édifice religieux et nombreux ont remarqué la présence du pasteur parmi les notables ayant assisté à la manifestation politique.
Dans d’autres Régions, Lalao Ravalomanana a déjà adopté cette même stratégie. D’ailleurs, la candidate répond toujours présente aux cultes, œcuméniques ou non, organisés aussi bien dans la capitale que dans les Régions. Rien d’étonnant à cela dans la mesure où son époux n’est autre que le vice-président de la FJKM dont l’influence politique reste importante notamment sur les Hautes-Terres centrales considérées comme un important réservoir de voix en période électorale.
En 2002, Marc Ravalomanana s’est déjà appuyé sur le réseau protestant et a pu notamment mobiliser en sa faveur une partie non négligeable des cadres de cette église. Cela lui a permis d’avoir un nombre important de militants qui ont su mener une campagne de sensibilisation d’une grande ampleur. On comprend pourquoi il a viré en tête au premier tour contre Didier Ratsiraka qui a pourtant profité de son statut de Président-candidat.

Protestantisme politique

Lalao Ravalomanana compte sans doute rééditer cet exploit de son mari en 2002. Comme lui, elle ne néglige pas les questions religieuses et tente de soigner son image en multipliant les contacts avec les cadres ecclésiastiques. D’ailleurs, la candidate soigne également ses relations avec les catholiques. La poignée de mains qu’elle a échangée avec l’archevêque d’Antananarivo à Ambohimanoro à la fin de la semaine dernière est tout un symbole.
Une « alliance politique » entre Lalao Ravalomanana et les cadres protestants peut par ailleurs changer les donnes politiques dans le pays dans la mesure où les catholiques ne seraient pas toujours fidèles à l’actuel Président de la Transition. Les analystes avancent comme preuve l’absence d’Odon Razanakolona des festivités officielles organisées par la présidence de la Transition, lui qui a toujours été présent dans le passé. Dans tous les cas, la candidate de la mouvance Ravalomanana semble avoir bien compris l’importance du soutien du protestantisme politique et entend en profiter.

L. D. A.