Affaire 130 tortues saisies à Maurice – La douane ne lâche pas prise
Dans toute affaire de trafic, la douane est généralement pointée du doigt. L’affaire des 130 tortues récemment saisies à Maurice ne fait pas exception, l’opinion étant presque toujours unanime à accuser l’administration d’être une véritable passoire. Les derniers faits en date semblent prouver le contraire. La douane a mené sa propre enquête.
Sur sept individus interrogés, trois ont été mis sous les verrous après avoir été déférées au parquet, une personne a bénéficié d’une liberté provisoire tandis qu’une autre fait encore actuellement l’objet de recherche. La femme arrêtée à Maurice fait partie des personnes mises sous mandat de dépôt. C’est l’un des premiers aboutissements de l’affaire des 130 tortues saisies récemment à l’Ile Maurice. Les principaux acteurs impliqués dans ce qui ressemblerait à l’épisode d’une longue série de trafics – le conditionnel est de rigueur-, sont des agents de différents services – privé et public – opérant à l’aéroport, et, jusqu’ici, aucun nom de douanier n’a été cité. Les douaniers poursuivent leur enquête, car beaucoup de choses restent encore à démêler dans cette sombre histoire. Pour rappel, le 9 mai dernier, les douaniers mauriciens mettent la main sur une valise remplie de tortues en provenance de Madagascar et à destination de la Malaisie, via l’Ile Maurice. La propriétaire des bagages, une ressortissante malgache, fait aussitôt l’objet d’un arrêté d’expulsion.
La douane malgache, de son côté, n’est pas restée inactive. Lors du point de presse donné par les responsables de la douane le vendredi 13 mai, Frédéric Rakotonindriana, Directeur des affaires Juridiques et de la lutte contre la fraude, a annoncé que, grâce à une collaboration avec l’Aviation Civile de Madagascar (ACM), le mode opératoire des trafiquants a pu être révélé au grand jour.
Renforcer le système
Cette entité aéroportuaire a en effet donné son feu vert à l’administration des douanes pour visionner une vidéosurveillance, montrant des individus en train de se livrer tranquillement à l’embarquement illicite d’une valise sur le charriot à bagages. A l’origine, un véhicule autorisé accède au tarmac et s’arrête pile devant des employés de l’aéroport qui s’apprêtent à manœuvrer pour l’embarquement des bagages de soute. On y voit clairement l’un d’eux s’approcher du véhicule, en extraire une valise et la poser en toute impunité sur le charriot, passant outre les formalités de contrôle habituelles.
Forte de cette preuve tangible, la douane a décidé de renforcer le système de contrôle. « Désormais, nous allons procéder à une fouille sévère des véhicules, des personnes et des marchandises qui pénètrent sur le tarmac, voire des aéronefs si nécessaire », a décrété Haja Rakotoarimalala , Receveur des douanes d’Ivato aéroport, lors de ce même point de presse. « Désormais, nous déclarerons la guerre aux trafiquants. Mais, comme la lutte promet d’être ardue car c’est tout un réseau qui est impliqué, nous sollicitons le concours de tous les intervenants du système. A commencer par le département des forêts, de l’environnement et d’écologie, pour renforcer la protection à la base ; les éléments de la gendarmerie qui opèrent sur les routes nationales, vu que ces animaux qui sont l’objet de trafic transitent d’abord par cette voie avant de pouvoir être acheminés vers la capitale », a-t-il ajouté.
Affaire à suivre.
Recueillis par FR