Sur les neuf premiers mois de 2015, l’inflation a enregistré une progression soutenue. Après les hausses extraordinaires survenues au premier trimestre, l’IPC ou lndice des prix à la consommation a ralenti sa progression au cours du deuxième trimestre, avant de reprendre sa hausse au troisième trimestre. Comparativement à la même période de 2014, l’inflation s’est accélérée, d’après la Banque centrale de Madagascar.

La forte expansion des agrégats monétaires, conjuguée à la dépréciation de la monnaie nationale, a continué d’alimenter la hausse des prix au cours de la période. En variation depuis le début de l’année, l’inflation a été de 5,3% à fin septembre contre 3,8% en 2014. En découpage trimestriel, la plus grande variation a été enregistrée au cours du premier trimestre (3,3%, contre 1,5% au même trimestre de 2014).

L’inflation s’est ensuite repliée à 0,85% au deuxième trimestre, avant de remonter à 1,08% au troisième trimestre (contre respectivement 1,1% et 1,2% en 2014). En glissement annuel, l’inflation a atteint 7,5% à fin septembre, en léger repli par rapport à fin juin 2014, mais contre 6,1% en 2014.

L’inflation sur les produits locaux est restée élevée (5,4% à fin septembre, après 4,4% à fin juin), mais a été vite rattrapée par celle des produits semi-importés (5,4%, contre 3,6% à fin juin).La hausse des prix des produits importés a été en revanche plus faible (4,2%), mais en nette accélération par rapport à sa variation de fin juin (2,7%), suite à la dépréciation rapide de l’Ariary.

Selon le secteur de production, les prix des produits vivriers transformés ont poursuivi leur hausse avec la plus forte variation (10% à fin septembre, après 8,8% en juin, et contre seulement 3% un an plus tôt). Les prix des PPN ont également accusé de forte hausse (8,2%, après 7% en juin, et contre 3,2% en 2014). En particulier, les prix du riz ont progressé de 5,1% sur les neuf premiers mois, après 4,7% au premier semestre, et contre seulement 1,5% en 2014. Les prix des produits manufacturés se sont par ailleurs accélérés au troisième trimestre, affichant à fin septembre 4,7% pour les produits manufacturés industriels et 4,6% pour les produits manufacturés artisanaux (après 3,1% et 3,4% en juin).

Les prix des services publics ont, en revanche, faiblement évolué comparativement à 2014 (respectivement de 1,3% pour les services publics et 2,6% pour ceux privés, contre 4,9% et 5,5% en 2014).

Hausse du prix du logement presque à deux chiffres

Selon la fonction, les prix du logement, eau, électricité, gaz et autres combustibles ont continué à afficher de fortes variations (9,1%, après 7,5% en juin, et contre 4,8% en 2014). De même, les coûts de santé n’ont cessé de grimper (12,8%, après 8,4% en juin, et contre 5,3% en 2014). Par ailleurs, les prix des produits alimentaires, boissons et tabacs sont de nouveau repartis à la hausse au troisième trimestre, après un ralentissement au deuxième trimestre ; et sa variation reste élevée par rapport à celle de 2014 (4,6%, contre 2,6% en 2014). Par contre, la hausse des prix des tissus et vêtements s’est repliée (3,2%, contre 5,8%).En effet, le repli a été très prononcé au niveau des prix des hôtels, cafés et restaurants (2,9%, contre 10,5% en 2014), mais également au niveau des prix du transport (1,4%, contre 4,5% en 2014). Néanmoins, au troisième trimestre de 2015, les prix du transport ont connu une augmentation suite à la révision à la hausse des prix du carburant au mois de juillet.

Augmentation à deux chiffres pour le PPN

En glissement annuel, l’inflation a connu un léger repli par rapport à fin juin, mais a nettement dépassé celle de 2014 (7,5%, après 7,6% en juin, et contre 6,1% en 2014). Le ralentissement a été observé aussi bien sur les produits locaux que sur les produits importés (respectivement de 7,8% et 6,1% à fin septembre, contre 7,9% et 6,7% à fin juin) ; mais il y a eu accélération de l’inflation du côté des produits semi-importés (7,1%, après 6,4% en juin). En référence à 2014, l’inflation sur les produits importés s’est repliée, contrairement aux deux autres catégories (6,1%, contre 7,3%).

Par ailleurs, le glissement annuel des prix des produits vivriers transformés est monté à 13,9 pour cent, contre 6,7 pour cent en 2014, avec une contribution de 3,1 points à l’inflation globale. L’inflation sur les PPN le suit de près avec 11,7 pour cent, contre 6,7 pour cent en 2014, et contribuant à hauteur de 4 points à l’inflation globale. Le glissement annuel des prix du riz a été toutefois moindre, quoique plus élevé en comparaison à 2014 (8%, contre 5,3% en 2014), contribuant à hauteur de 1,1 point à l’inflation. En outre, le glissement annuel des prix des produits industriels manufacturés s’est relativement stabilisé par rapport à 2014 (6%, contre 5,8% en 2014); tandis que l’inflation sur les services s’est fortement contractée (respectivement de 2,4% et 4,1%, contre 14% et 6,8% en 2014).

Selon la fonction, le glissement annuel des prix de la catégorie santé est demeuré très élevé (12,8%, contre 5,3% en 2014), mais avec une faible contribution à l’inflation (0,3 point). Il est suivi par la catégorie « logement, eau et combustibles » qui a affiché un glissement annuel de 12,4 pour cent, contre 6,9 pour cent en 2014 (contribution de 2,8 points à l’inflation).

L’inflation sur les produits alimentaires, boissons et tabacs a été plus modérée (6,9%, contre 4,7% en 2014), mais sa contribution à l’inflation a été de 3,5 points.

Enfin, la variation la plus faible a été celle du transport, qui a connu une contraction par rapport à 2014 (2%, contre 5,7% en 2014), avec une faible contribution de 0,2 point à l’inflation globale.

Quant à l’inflation sous-jacente (hors riz et énergie), sa progression a été de 4,1 pour cent sur les neuf premiers mois, contre 3,8 pour cent sur la même période de 2014. En glissement annuel, la core inflation s’est stabilisée à 6 pour cent par rapport à fin juin, mais a légèrement dépassé son niveau de 2014 (5,7%).Elle est restée en deçà de l’inflation globale et ce, due à l’exclusion de l’énergie qui a enregistré de très fortes variations au cours de la période (13,6%, contre 7,3% en 2014).

L’accélération des agrégats monétaires et la dépréciation rapide de l’ariary ont eu des répercussions significatives sur l’allure de l’inflation au cours de la période considérée.

D’un côté, l’expansion des agrégats monétaires a plus que doublé en l’espace d’un an (16,9% en variation annuelle à fin septembre, contre 6,6% en 2014), créant des pressions sur la demande. De l’autre côté, la chute de l’ariary (21,5 pour cent, contre seulement 6,1 pour cent en 2014) a directement affecté les prix des biens importés consommés par les ménages (notamment les produits pétroliers, les médicaments et PPN), qui ont été revus presque instantanément à la hausse.

Recueillis par FR