Silence ! Elle passe
Une pub qui fait du bruit tant les spectateurs la regarde aussi muets que ne fait de bruit la voiture hybride dont on fait l’article dans le spot. Les nuisances sonores polluent tant l’air ambiant que le moment où le silence passerait pour le must de l’élégance ne saurait tarder. Dans le pays le retard auquel on s’habitue avant d’adopter les plis utiles promet encore du bon temps aux émissions sonores incongrues non tellement par conformité aux règles du savoir-vivre mais histoire de manifester son existence. L’interdiction d’utiliser les avertisseurs sonores pour les automobiles sauf exceptionnellement pour alerter et éviter ainsi un danger imminent remonte à loin et concerne toutes les agglomérations urbaines. Certains automobilistes ne se gênent pas pour en user à des manifestations d’« urbanité » soit pour se saluer soit en guise de remerciement suite à un geste de galanterie entre usagers. Dans ce style il n’y a pas de raison pour que le mal embouché s’en prive lorsqu’au volant il a envie de déverser sa bile. Personne ne rivalise évidemment avec les chauffeurs de taxi-be pour jouer du klaxon. Chacun un petit coup en guise de salut à l’adresse d’un pote qu’il croise pourtant dix fois par jour, et des copains du genre qui leur renvoient la politesse par le même canal, tous en ont des dizaines. Ces petits coups sont pourtant innocents en rapport aux tintamarres que certains orchestrent à l’approche des arrêts, lorsqu’il leur passe par l’idée de vouloir détourner les clients qui se préparent à embarquer dans le car précédent, et ce même sous le regard des agents de la circulation. A bien y regarder, c’est à croire que les responsables eux aussi ont occulté dans leur administration de la circulation l’interdiction des alarmes sonores comme règle établie, autrement nul n’était besoin de planter ces panneaux d’interdiction de klaxon à l’approche des hôpitaux. Et pourtant ! Ça s’explique en considérant la mentalité. Il s’agit de faire comme si… En la circonstance on exprime un souci pour le confort des malades, sans se faire d’illusion sur l’efficacité de la mesure. Question changement, on imagine sans déplaisir le passage du président ou d’un ministre qu’annonce un silence, et que trop contents plutôt que de sacrer entre les dents, badauds et bonnes gens ne résistent pas à applaudir.
Léon Razafitrimo