La défaillance du régime actuel et les manquements des dirigeants à leurs devoirs n’ont jamais été aussi flagrants. La pauvreté et l’insécurité touchent les 22 millions de Malgaches, la corruption et les trafics en tout genre sont poussés à leurs paroxysmes. Pourtant, jusqu’à maintenant, rien n’a été fait, ne serait-ce que pour faire face à cette dure réalité et pour donner un semblant de positif dans la conduite des affaires de l’Etat.

Ces derniers temps, les personnes conscientes de la situation et ceux qui cherchent à faire entendre raison aux tenants du pouvoir semblent être victimes de l’acharnement et des foudres de ces derniers. En effet, depuis l’appel à la ville morte lancé par le Sénateur élu de Majunga, les sbires du pouvoir jouent des mains et des coudes pour faire taire les détracteurs. En seulement trois jours, trois perquisitions ont été menées aux domiciles de trois personnes différentes dont le sénateur Lylison, l’opérateur économique Mamy Ravatomanga et dernièrement, pas plus tard qu’hier, le ressortissant français Franck Legrand. Pourtant, à chacune de ces descentes, les forces armées sont rentrées sans rien et sans preuve de la nécessité de ces opérations. Du moins, c’est ce qui a été déclaré après chacune d’elle. La question est alors de savoir le pourquoi d’un tel acharnement ? De plus, il est nécessaire de souligner le fait qu’à chaque fois, des éléments cagoulés et fortement armés sont toujours présents sur les lieux. Comme ce fut le cas au domicile du sénateur de la ville des fleurs qui a vu débarquer au moins trois centaines de gendarmes et de militaires. Idem lors de la descente à Ambohibao où on a vu stationner des véhicules de l’Emmoreg à quelques mètres du domicile de Mamy Ravatomanga.

Des boucs émissaires

Jusqu’alors, ces trois perquisitions n’ont eu pour résultat que la confiscation de trois talkies-walkies. Le fait est que jusqu’à maintenant, aucun réel coupable n’a été mis aux arrêts par les tenants du pouvoir. Face aux trafics des richesses nationales comme le bois de rose, les tortues et bien d’autres, aucune mesure n’est prise alors que des noms sont dénoncés avec des preuves à l’appui, si d’autres sont pris en flagrant délit sans pourtant faire l’objet d’un mandat quelconque. L’échéance est certainement pour bientôt avec le procès concernant les bois de rose saisis à Singapour. Et du fait qu’aucun coupable n’est jamais inquiété actuellement, il se trouve qu’en trouver un est une priorité immédiate. En effet, ni le colonel Lylison ni l’entrepreneur Franck Legrand et encore moins l’opérateur Mamy Ravatomanga ne sont concernés par ces affaires louches d’exportation de richesses nationales et de tentative de coup d’Etat, chose qui d’ailleurs n’a été confirmé par personne jusqu’à maintenant. Au contraire, les assistants parlementaires pris en flagrant délit de transport de chanvre indien n’ont eu droit à aucune perquisition, à ce que l’on sache. Et le dénommé Bekasy empêtré dans les affaires de bois de rose jouit d’une pleine liberté. Il semble clair que le régime cherche à tout prix à créer des coupables et à leurs faire porter la responsabilité des maux du pays.

Régis Kabary