Protection des parcs – Echec de Madagascar National Parks
Echec. C’est ce que l’on peut dire de la gestion de Madagascar National Parks des richesses de la Grande île dans les parcs nationaux. Pourtant, Guy Suzon Ramangason, directeur de MNP n’est jamais enquêté, ni inquiété sur quoi que ce soit concernant les trafics dans les parcs. Or, il est le premier responsable et occupe ce poste depuis plus de dix ans.
Le trafic des ressources naturelles de la Grande île se passe souvent dans les parcs nationaux. Les bois de rose, dont le bois a une valeur commerciale, sont très menacés à cause d’une surexploitation, de leur coupe illégale et de trafic. Ce dernier semble avoir des ramifications internationales en Chine, à Maurice etc. … mais surtout, avant tout, en Chine continentale. Et étant mieux contrôlé en occident. Ce trafic se déroule surtout dans les grands parcs nationaux de la côte Est entre autres, Masoala, Marojejy, Zahamena, Ranomafana, Andringitra et Andohahela.
Beaucoup « d’acteurs » y seraient impliqués y compris des hauts fonctionnaires, représentants des organismes de contrôle malgaches, hommes d’affaires, voire peut-être même des ministres, si l’on en croit certaines accusations. C’est une affaire de gros sous donc il n’est pas étonnant de voir et d’entendre des hauts responsables mêlés dans l’affaire. En effet, une tonne de rondins de bois de rose en Chine atteint les 25.000 dollars. Toujours dans ce pays, les lits en bois de rose se vendent à un million de dollars pièce. L’exploitation illégale de bois de rose rapporterait jusqu’à 460 000 dollars par jour, selon l’EIA. Après la répression et le tarissement des ressources dans le Nord de l’île, les trafiquants changent de cible et commencent à exploiter actuellement les bois précieux dans le Sud du pays (que nous en parlerons prochainement).
Les tortues
Outre les bois précieux, les tortues figurent aussi parmi les victimes de trafic dans les parcs nationaux. « Le Parc National de la Baie de Baly est l’unique site dans le monde qui abrite l’espèce de tortue Astrochelys yniphora (Angonoka ou tortue à soc) car il a été spécifiquement créé pour la sauvegarder. Son aire de répartition dans le parc est limitée à une surface totale d’environ 14 500 hectares. Vulnérable à cause d’un taux de mortalité juvénile élevé et d’une croissance lente exigeant une période d’une vingtaine d’années pour parvenir à sa maturité sexuelle, son endémicité et sa rareté lui confèrent une grande valeur sur le marché noir international d’animaux protégés.Le braconnage a remplacé le feu, comme principale menace, pour la survie de cette espèce et n’a cessé de s’amplifier depuis la crise politique de 2002, et ce, malgré les efforts déployés par Madagascar National Parks, ses partenaires et les Comités locaux du parc (CLP) en collaboration avec la direction régionale de l’Environnement, de l’écologie, de la mer et des forêts de Boeny. Les agents du parc et les CLP, qui effectuent les patrouilles de surveillance, ont rapporté une recrudescence sans précédente des intrusions illicites dans le parc depuis le mois de décembre 2015. Ce phénomène est confirmé par la prise de vue de caméras cachées installées à l’intérieur du parc », note Madagascar Nationak Parks. En d’autres termes, le trafic de l’angonoka dans la Baie de Baly s’est aggravé depuis décembre 2015. Madagascar National Parks annonce plusieurs mesures comme le renforcement des patrouilles : mobilisation des Agents de parc, des CLP, gendarmes et policiers ou encore la mise en place de patrouilles de nuit, mais les résultats seuls comptent. Si en 2010, la Grande île avait encore près de 800 angonoka à l’état sauvage, le pays n’a plus que moins de 70 individus actuellement. En 2013, 54 angonoka ont été saisis en Thaïlande. Le 18 juin 2015, 403 tortues avaient été saisies sur une Égyptienne de 32 ans qui avait séjourné à Madagascar.En mars 2016, 139 tortues étoilées de Madagascar et 6 tortues angonoka y étaient « emballées de façon inhumaine » dans des sacs en plastique et ont été saisis à Mumbai. Le 12 mai 2016, 130 bébés tortues, mesurant entre 6 et 15 centimètres, venant de Madagascar et en transit à Singapour, ont été saisies.
Il est temps d’agir car bientôt les tortues malgaches atteindront le seuil critique où elles ne pourront plus être sauvées quoiqu’on fasse. Perdre ces créatures si fascinantes qui ont traversé des millions d’années au profit d’une minorité de trafiquants serait une catastrophe irrémédiable pour la conservation à Madagascar, et embarrassante, voire honteuse pour le peuple malagasy tout entier, à commencer par ses dirigeants.
Rasolo