L’oiseau rare
Ce qui est rare est toujours prisé et très recherché et certains paieraient une fortune colossale pour posséder une pièce unique. Il en est de même du pouvoir et de tous les attributs qui viennent avec. Ce qui est singulier attire toujours l’attention et la curiosité, le désir de possession quand c’est une chose. Par exemple un œuf de zébu, c’est très recherché chez nous, ou encore un jar noir, tout le monde en a entendu parler et paraît-il que ça existe vraiment. Celui qui en trouve un ou en possède un peut se considérer chanceux. Il est tout à fait normal alors que l’oiseau rare suscite toutes les convoitises du monde. Un oiseau rare est celui dont la présence dans une zone géographique donnée est inhabituelle. Cette présence peut être due à des facteurs naturels comme des coups de vent ou des erreurs de trajectoire lors des migrations. Les flamants roses du lac de Tsimanampetsotse ne se sont pas trompés de trajectoire en migrant mais ont été abattus pour leur rareté dans la Grande île. En effet, qui peut se vanter d’avoir de vraies plumes de flamant rose chez nous ? Voilà à quel point le rare est convoité. L’oiseau rare par excellence est le phénix, cet oiseau légendaire qui renait de ses cendres. D’une façon plus imagée, l’oiseau rare est une expression utilisée pour désigner tout simplement une personne pleine de qualité. Capable comme le phénix de se régénérer par lui-même, qui ne manque jamais de ressources.
Tout le monde cherche l’oiseau rare et on dirait qu’à Madagascar, l’oiseau rare se trouve à la tête de l’Etat. Tout d’abord parce qu’on dirait que ces derniers ne manquent vraiment pas de ressources et cela dans un pays comme le nôtre. Pouvant se permettre de louer un jet, vu qu’on dément toujours que l’appareil a été acheté, pour aller d’un bout à l’autre de la terre. En effet, de Madagascar jusqu’à Paris, il y en a des kilomètres, tout en passant par Singapour puis Istanbul. Plus que pour arriver dans les régions sud de l’île, en tout cas, où la situation de la population est déplorable. Ou maintenant toutes les terres et toutes les rizières appartiennent à des étrangers, jusqu’aux plages dans certaines régions de l’île. Tout cela fait réfléchir sur cet oiseau rare. Ensuite, il s’agit d’un oiseau rare car au vu des déclarations de nos politiciens ces derniers temps, tout le monde cherche à abattre ces derniers. Jusqu’à aujourd’hui, pas moins de 7 personnalités l’ont plus ou moins affirmé, réclamant une élection anticipée pour certains. D’accord, s’il n’y en avait qu’un seul, on serait tenté de dire qu’il en demande un peu trop. Mais aujourd’hui, le nombre de personnalités politiques réclamant la démission de l’exécutif s’élève à sept. Ce n’est pas rien, et pour pousser un peu dans ce sens, nous pourrions les assimiler aux sept anges de l’apocalypse qui annoncent la fin du monde aux églises de la terre. Si vous vous rappelez bien, nous avons déjà évoqué « le début de la fin ». On aurait traité de fou celui qui hurlait dans la cour du palais à la mort du roi, mais quand tout le monde s’y met, c’est qu’il faut faire attention. Enfin, on parle d’oiseau rare parce que côté réalisation, personne n’a réussi à faire pareil en presque 60 ans d’indépendance. Ces derniers temps, les réseaux sociaux ont relayé une déclaration qui avait choqué : « prouvez-moi que les malgaches s’appauvrissent ». A se demander si Monsieur ne voyage pas trop ou s’il habite le pays. Certes, on n’est pas encore dans le pays le plus pauvre du monde. Mais il ne faudrait pas attendre que cela se produise pour agir. De toute façon, l’échéance de 2018 sera atteinte avant qu’on en soit là. Le fait est que l’héritage de cette quatrième République désastreuse nous y amènera sûrement si rien n’est fait. Il n’est pas besoin de rappeler le pourquoi de la chose.
Notre cher pays possède beaucoup trop d’oiseaux rares, c’est un constat. Notre environnement, nos richesses, notre culture, nos rizières cultivées depuis des siècles et même nos gens, politiques ou pas. Beaucoup trop pour qu’on laisse tout cela disparaître et le céder aux autres. Le plus gros du problème n’est pas tant les politiques ou les trafics mais plutôt l’inconscience de chacun et l’inaction face à la destruction de notre oiseau rare. Il est vrai que le pouvoir est le plus à blâmer, du fait qu’il est le premier responsable. Mais tous nous avons une responsabilité à préserver notre oiseau rare. Et jusqu’à preuve du contraire, personne n’a fait autrement. Les pratiques ont toujours été les mêmes chez nous : déplumer à la limite du possible le pays. Il est temps que cela change et le changement est, espérons le pour bientôt. En attendant, un petit compliment pourrait aider : le malgache est plein de qualité. Toutefois, le pays n’est pas un phénix, ne l’oublions pas, il ne renaîtra pas après cela.
Ny Aina Rahaga