Dépassement du point de non-retour
Ni point de non-retour, ni fuite en avant, voici la situation revenue au point de départ, la crise se résumant en un antagonisme entre deux personnes. Preuve en est qu’en quatre ans ou plus, le pays a fait du surplace, le reste n’a été qu’incapacité ou grand génie à monter spectacle après spectacle pour donner l’impression que les choses bougeaient, alors qu’en réalité on piétinait à pivoter sur soi-même ou au mieux autour de deux egos surdimensionnés. Les acteurs locaux, autant que la communauté internationale, ne sauraient trouver une solution à la crise, tant qu’ils ne parviennent pas à régler le contentieux entre messieurs Ravalomanana et Rajoelina, ou à se dépêtrer de ce problème en réglant d’autorité le sort de l’un et de l’autre. Au point où l’on en est, l’imagination se débride à considérer les schémas les plus fous, et ne s’interdit pas la pire des hypothèses. Tant qu’à faire dans cet ordre d’idées l’initiative du FFKM trouve place. S’il est indéniable qu’il ne s’agit que d’un remake, du réchauffé d’une tambouille dont on a déjà craché les premières cuillérées lors d’une dégustation. C’était il y a quatre ans, on pouvait encore faire la fine bouche, maintenant que le vin est tiré il faut le boire, même si l’on sait que ce n’est qu’une piquette. Albert, Didier, Marc et Andry : sacré tableau ! Quelle mouche a donc piqué la population pour avoir tiré pareil(s) lot(s). Pourtant à bien y réfléchir, et peut-être en prêtant aux initiateurs une présomption concernant un peu de doigté pour traire et beaucoup d’autorité pour que chacun tienne ses engagements, il n’est pas interdit de penser que d’eux peut apparaitre une illumination pour éclairer cette voie de sortie, alors que l’on se trouve en plein noir dans un tunnel. Le ridicule de la situation n’enlève en rien à une sorte de désespérance qui oblige à s’accrocher à un fil si ténu soit-il pour peu qu’il présente une lueur de chance de mener vers une issue, issue que l’on devine bien qu’elle ne puisse être qu’une de secours. Après tant d’expériences de désillusion en déconvenue, on aurait tort de faire davantage montre de candeur que de s’harnacher d’une dose de méfiance, toutefois il ne s’agit pas non plus de perdre ne serait-ce qu’une seule occasion de chance. En pareilles circonstances, plus personne ne peut espérer une solution où il serait l’unique gagnant, difficile aussi de trouver une issue qui fait de tous des gagnants, nécessairement quelques-uns y laisseront des plumes par rapport à leurs prétentions et ça pourrait même être injuste si l’on retient en considération les investissements des uns et des autres. Et ça ne sera pas une consolation de savoir que les préjudices individuels ont profité à une cause commune.
Léon Razafitrimo